Parfum de belladone

Sa vue était flou et pourtant elle courrait dans la forêt comme un fauve. Le rythme de sa course confirmait qu'elle courait sur 4 pattes et que son corps obéissait aux habiletés animales. Les orangés, les jaunes et les rouges du feuillage d'automne s'entremêlèrent tel un kaléïdoscope et cette constante brume enrôbait la forêt d'une veste féérique.

Wulf connaissait le chemin.

Elle arriva enfin à une clairière, des rochers élevés et des arbres frêles l'entouraient et lorsqu'elle réussit à se concentrer d'avantage, elle pu voir plusieurs yeux curieux la fixer. Et pourtant, ils n'étaient pas différents d'elle.

Les loups semblaient assister à une audiance, ils attendaient patiemment l'arrivée du maître.

Les feuilles mortes tombaient molement dans le trou où se tenait Wulf. Telles des pétales d'automne, elles venaient recouvrir le sol comme un tapis en hommage à la fille promise. Humblement, Wulf se tenait au milieu de cette meute qui honorait sa présence dans un hurlement commun. La guerrière sentit ressurgir de son intérieur ce cri tant de fois refoulé et se joint au chant nocturne de ces enfants de la lune.

Les nuages masquaient de façon intermitante le visage de l'astre, Wulf leva les yeux vers celle-ci pour la voir tourner de façon vertigineuse.

Allongée sur le sol feuillu, sa forme humaine s'offrait aux représentants de sa race. Lentement, elle se redressa ,et sans scrupule face à son corps nu, elle se tenait au centre de ce rituel.

Devant elle, une femme vêtue de fourure lui tendait la main.

Dans ces environs, les baies noires ressemblants à des raisins poussaient abondamment. Les gobelins sachant les proprités empoisonneuse de ce petit fruit s'amusaient à fabriquer une pommade et en induire leur dague. Trop stupides pour connaître l'art des poisons, il n'est pas surprenant de croire qu'une personne malintentionnée ait renseigné ces créatures.

On raconte que la déesse de la guerre aurait elle même créée cette plante. Certains prêtres de cette déesse boivent une infision des fruits de cette plante avant de l'invoquer pour demander son aide. (véritable légende romaine)

Wulf pris la main de la femme qu'elle reconnu enfin malgré les changements qu'elle avait subit depuis l'intervention de Amlaruyl.. Celle-ci la guida vers une souche où elles prirent place. La femme caressait maternellement les cheveux de Wulf qui se laissait bercer et déposa sa tête sur les genoux de la déesse.

Elle ne pouvait plus faire la différence entre le rêve, la réalité et les hallucinations. Soudain, on amena un homme devant elles, il était clair que les loups l'avaient torturé. Son corps à demi nu affichait de sérieuses équimauses et lacérations. Wulf leva la tête, et reconnu l'homme. Le soufle coupé, il était difficile de voir si c'était la vision ou le poison qui lui provoqua une arrêt momentanné du coeur.

Wulf se raidit et les mots que lui murmura Brigid la fit frisonner d'horreur.


NOOOOOOOOOOOOOOOON!!

Elle ouvrit les yeux et curieusement, elle était encore sur les genoux de sa mère qui l'acompagnait dans sa dernière heure.

Brigid l'invita à se redresser ensuite elle se dirigea vers le centre de la place. Wulf reconnu la scène; c'était la même que dans son cauchemar. On amena l'homme blessé et affaibli, même défiguré, elle le reconnu et tenta de camoufler son appréhension.

Brigid: Wulf, fille de Brigid...en ton nom et pour mon honneur je t'offre ce présent. Vénère l'animal en toi et venge-toi des blessures qu'il t'a infligées. Chasse-le pour moi, chasse-le pour toi.. Je sais que la soif de son sang te ronge et c'est pour cela que tu combats sans cesse. Je te l'offre maintenant.

Sans plus explication, Brigid leva les bras et les deux hommes relâchèrent le pauvre. Celui-ci un peu secoué étudia rapidement le terrain avant d'escalader les roches pour finalement s'éclipser dans la forêt.


Le soleil n'avait pas encore touché l'horizon lorsque Wulf débuta sa chasse. Elle ne voyait pas où se tenait sa proie mais ses autres sens ne lui mentaient pas. Elle flairait l’air et complice elle lui souffla le chemin. L’homme se camoufla derrière une souche afin de reprendre son souffle, calmer sa respiration, ralentir son rythme cardiaque et repérer son prédateur. Il devait échanger les rôles et devenir le traqueur. Il devait revenir sur ses pas et prendre position derrière Wulf afin de la prendre par surprise.

La louve respirait l’odeur du sang de sa proie.. Il circulait autour d’elle. Patience… attente….elle aussi fit preuve de ruse .. en le poussant vers la meute afin de le coincer entre elle et les autres loups.

Soudainement, il surgit de nulle part et fondit sur le dos de Wulf. Mais l’intuition de Wulf lui avait prédit cet attaque et elle le fit pivoter de sorte qu’il se retrouve dos sir le sol. Savourant son odeur, Wulf effleurait son museau sur le coup de l’homme. Celui-ci la regardait droit dans les yeux et avant qu’elle ne lui empoigne la gorge entre ses crocs, il crut voir une larme couler des yeux du fauve.

Elle restait enlacée avec sa victime jusqu’à ce que son pouls cesse de la bercer. Mort.. Éliam était mort. D’un pas funèbre, la guerrière revint au pied de Brigid et lui présenta le résultat de sa chasse.

Tout devint noir et les images d'horreur du corps d'Éliam, mort à ses pieds avait disparues. La belladone avait terminé son manège mais laissait Wulf dans un état végétatif.

Noir....silence....tristesse.