Home, Sweet Home.

La jeune femme avait laissé sa compagne de voyage très tôt le matin, sans que cette dernière s'en rende compte. Elle lui avait le reste de ses rations, un peu pour se faire pardonner de l'abandonner dans le plein milieu de la nuit et pour l'aider à finir son expédition. En espérant qu’Éliam pourrait vraiment l'aider...

La prêtresse avait marchée toute la journée, en se dirigeant vers le domaine de son maître. Son état d’esprit était bizarrement calme… Elle s’était résolut à accepter son destin. C’est d’ailleurs pourquoi elle avait laissé ses rations à sa partenaire. Qu’elle aille faim ou non, quelle importance est-ce que ça avait vraiment ? Son sort était décidé.

Plusieurs l’avait questionné sur sa « décision », si on peut dire. Et elle leur répondit souvent que ce n’était pas une décision, mais bien une question de loyauté. Quelqu’un qui n’a jamais été serf ne comprendrait jamais. Il y en avait un qui avait comprit ; et ceci le chagrinait beaucoup d’ailleurs. Ses efforts et sa volonté amenait toujours un sourire chez elle. Dans les dernières semaines, elle avait essayé d’aider ses compagnons de voyage au travers de La Passe durant les durs temps. Peines d’amours, embuscades, chicanes, quiétisme de morts-vivants… La liste était longue. Elle croyait avoir qu’un seul regret dans les derniers mois, et elle ne pouvait rien n’y faire. Cette amitié avait quasiment flambée en air, et elle n’aurait pas dû verbaliser sa petite voix intérieur. Ce combat intérieur avait été très difficile à vivre, elle était en mode rejet. Elle ne voulait et ne pouvait pas accepter des explications aussi… frustrantes.

La demoiselle ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait fait un détour à la place de se rendre à LaRochelle directement. Quelque chose avait changé la balance et elle ne pouvait l’expliquer. Est-ce que c’était l’abandon et l’opposition profonde de l’un envers lui ? Est-ce que c’était à cause d’une promesse d’ami ? Ou est-ce que c’était pour réellement se retrouver soi-même et voir que c’était réellement le seul dénouement possible. Ces questions étaient inutiles, maintenant.

Elle leva son capuchon pour se protéger de la pluie, ainsi que les regards que les habitants lui porteraient. Ils devaient tous être au courant de sa transgression. C’est possible qu’il y ait même un prix sur sa tête puisqu’elle avait prit trop de temps à revenir. Une chose était certaine, les renseignements qu’elle a pu soulever ne la sauverait pas. Elle espérait que ça sauverait ses proches de la violence perpétuelle… Elle comptait sur le fait que son arrivée leur amènerait un moment de répit.

Au poignet, elle avait attaché le foulard que le messager lui avait amener en guise de preuve d'honnêteté. Un souvenir... Maintenant qu'un souvenir.

Ça y est. Elle était rendue sur la route pavée qui menait au manoir. Les gardes l’avaient reconnu aussitôt, et normalement l’aurait arrêté pour l’utiliser à leur satisfaction. Aujourd’hui, par contre, ils savaient qu’elle était attendue et se contenta de la laisser passer qu’avec un regard assoiffé, remplit de brutalité. L’un profita même de son passage pour la caresser sans gène. Comme d’habitude, aucune réaction de sa part, mais pour la première fois, elle eu le sentiment d’abattement en elle. Elle se disait que c’était bientôt finit, mais en même temps elle pensait à ses sœurs qui allaient souffrir le même sort.

Devant la porte, elle n’hésita même pas. En tournant la poignée, elle pensait à tous les connaissances qu’elle avait faites à la passe. Elle pouvait même en considérer quelques-uns comme des amis, même si elle s’était interdit de se rapprocher du monde, pour leur sauver la douleur de sa disparition.

Elle entra dans le manoir sombre, s’attendant au pire. Surement qu’il savait déjà qu’elle était arrivée à LaRochelle. Encore une fois, elle espérait que sa famille n’avait pas à témoigner du crime qui allait se passer.

Suite à son entrée… Rien. Il n’y avait rien. Les servants se promenaient comme d’habitude et faisaient leurs tâches. Tout était pareil.

Elle n’y comprenait rien.