Parce que c'est le fun des potins!

Deux mégères bavardent avidement dans la salle de lessive à la court royale de La Rochelle. Il fait un temps radieux pour le début de l'automne et les grandes portes sont ouvertes à la court extérieur des domestiques pour permettre aux travailleurs une bonne brise à l'intérieur. La salle de lavage permet l'eau chaude et il fait chaud près du grand basin d'eau où les deux femmes frottent vigoureusement les langes du nouveau petit prince.

L'une d'elles, grassouillette à point, porte tout bas un commentaire qui fait ricaner l'autre, tout le contraire de la première. La femme assez maigre pour se cacher en arrière de sa compagne sans se faire voir, réplique du tac au tac et les deux s'esclaffent de bon coeur. Une fois qu'elle reprends son souffle, Mme d'Youville prend dans ses doigts potelés un autre morceau qu'elle replonge dans le basin d'eau chaude.

- J'vous dit ma chère, qu'au moins, la princesse ne retient pas de sa mère sur ce point!

Mme Boisclair de sa gorge maigre, fait un petit son de dédain:

- Ah! c'est vous qui le dites, ma chère, sauf que vous oubliez que la princesse, elle, a tout bonnement épousé un voyou!

- Mme Boisclair, vous ne pouvez pas dire des choses pareilles de Sire Portos! Il en a tant fait pour plusieurs! Le gamin a bon coeur c'est certain!

- Franchement, vous savez bien que les jeunes hommes maintenant feront n'importe quoi pour un morceau de jupon! J'vous dit, c'est un voyou qui veut s'approprier le royaume!

Mme D'youville se fâche suite à ce commentaire. Elle agite son doigt vers sa compagne, qui a pour effet d'agiter ses doubles mentons.

- J'vous dit, ma chère, que c'est impossible! Ma famille travaille pour la famille royale depuis belle lurette. La petite-nièce de la cousine de ma mère était la nourrice de la princesse à l'époque. Laissez-moi vous dire: Marguerite a peut-être un tempérament fougueux, mais elle connaît la différence entre un escroc et un vaillant homme! Comment aurait-il pu recevoir tant de titres autrement? Et lui qui a dû s'acharner pour atteindre sa place!

- Ah non! c'est bien connu: il s'est approprié sa station de façon malhonnête! C'est un pirate j'vous dit!

- Non, non et non! Si c'était un pirate, la petite lui aurait plongé un poignard dans le coeur ou elle lui aurait jeté un mauvais sort.

Un "ahem" retentissant les intérompts. Les deux dames s'arrêtent et posent les yeux sur le fier capitaine des mousquetaires.

-Vous avez un problème avec mon frère d'armes? dit-il d'un ton calme. Mme Boisclair balbutie:

- Hum non ce n'est pas ma place Capitaine.

- Dans ce cas, réplique-t-il, j'ai une chemise qui aurait besoin de vos soins mesdames. Il leur remet un paquet, et se retourne en souriant sous sa moustache.

J'ai pensé vous écrire ici et là de differentes couches des sociétés des Milandes de petites histoires. J'ai pensé que ça pourrait ajouter une dimension au monde et le rendre plus réel. Ça c'était deux petites madames qui travaillent au château de Challon. C'était quelque chose que j'avais écrit sur le bab de l'AJJRO l'année passée.

J'vous promet d'en écrire d'autre. Puis si vous lisez attentivement, vous verrez qu'y a pleins de hints sur les games dedans. Vous avez pas besoin d'y répondre parce que ça risque de pas se tenir debout comme histoire. C'est juste des petits mottons de potins ici et là, pour le fun.

Morgîl regarda les nouveaux venus au Mur des morts avec appréhension. Depuis qu’il s’occupait des forts qui empêchaient le monde des morts de continuer à grandir, il avait vu génération après génération d’humains sans souci qui venaient faire leur temps obligatoire dans son domaine. Ils ne pouvaient pas comprendre la magnitude de la dévastation à laquelle les Eldars devaient faire face à tous les jours. Les Eldars étaient les seuls qui pouvaient se souvenir avec certitude le vrai déroulement des évènements qui apportèrent le monde des morts sur le continent des Milandes.

Quelques centaines d’années après la tombée du Mur. Une magicienne Eldar avait convaincu les autres races d’envoyer des leurs pour aider les Eldars à combattre. Depuis ce temps, ils n’avaient jamais eu de problème pour avoir de l’aide. Pourtant, avec chaque génération, les humains devenaient de plus en plus stupides à ses yeux. Avec leurs petites vies insignifiantes, ils ne pouvaient se rendre compte de la catastrophe qui était apparue et ne pouvaient pas se rendre compte que le mur grandissait. Petit à petit, le Monde des morts envahirait sûrement le monde des vivants.

Morgîl regarda de nouveau les humains. Les Sidhee ne faisaient plus partie de leurs nombres. Ils s’étaient détournés de leurs cousins, il y a de cela quelques générations humaines. Les humains ne se doutaient probablement pas qu’ils avaient jadis combattu à leurs côtés. Les Sidhee avaient abandonné les Eldars.

Sire Aneirin se secoua ses épaules de la poussière qui lui couvrait. À pas de loup, malgré la pesanteur de sa lourde cotte de mailles, il grimpa les escaliers de pierres qui montaient vers l’extérieur. Cela faisait cinq jours de la dernière attaque du dragon. Il avait été chanceux, cette fois. Le dragon était jeune et inexpérimenté, ce qui lui permit de mettre tous les habitants de sa forteresse en sécurité dans la cave.

Il lui semblait que dernièrement ces attaques étaient plus fréquentes et que les dragons qu’il voyait étaient plus exotiques. Justement, quelques semaines à peine, un des troubadours errants lui jura le point tremblant sur le cœur qu’il l’avait échappé belle d’une attaque d’un dragon long et serpentin mais sans ailles. Le village duquel il sortait, lui n’avait pas eu cette chance. Trois cents âmes y avaient connu leur fin. Une fin qui arrivait de plus en plus souvent à Draioch.

Le chevalier approcha la trappe lourde au bout du tunnel du donjon. Son drake hound, Cloud, humait la porte de bois d’un air intéressé. Mauvais signe : ce chien n’avait ce regard que lorsque sa proie favorite était proche. Aneirin entendit le mouvement de l’autre côté de la trappe trop tard. La porte fut défoncée et une patte griffue et écailleuse écrasa l’énorme chien avant que le reste de la bête ait fini d’entrer. Cloud fit un petit son pathétique avant de s’effondrer.

Aneirin regarda le jeune dragon dans les yeux, leva son épée. Ses dernières pensées furent de son épouse et de son jeune fils qui venait de naître et n’avait pas eu la chance de voir le soleil une seule fois.

(Ceci en fait un teaser des règles. Un aperçu de comment jouer les demi-fae. Quelque chose qui fait belle lurette qu'on avait écrit mais qu'on a décidé de ne pas mettre accecssible tout de suite, question de vous apprivoiser comme il faut. Il est à noter que dans la catégorie fae les humains sous entendent les Sidhee, Eldars, dryades, nymphes, faes, orques et bien d'autres encore.)

Quelque part dans l’arbre généalogique d’un demi-fae se cache un ancêtre féerique. Ces êtres sont le résultat d’un rendez-vous méprisé dont on aura essayé de garder le secret. Il se peut que l’enfant d’une nymphe et d’un humain ressemble en tous les points à un de leurs parents mais que la progéniture de cet enfant ressorte des traits honteux. D’une façon ou d’une autre, les demi-faes ont des manies qui ne sont pas acceptés par aucune culture. Ils essaient le plus possible de cacher leurs traits spéciaux des gens avec lesquels ils tentent de vivre. Quelques fois ils réussissent, mais ils finissent toujours par faire un faux-pas déplorable qui dévoilera leur secret.

Les faes ont souvent, sans nécéssairement le vouloir, des réactions des réactions néfastes sur leurs voisins non habités pas la magie. Voici un exemple qui explique un peu à quel point les faes sont différents des humains et des effets que les faes peuvent avoir sur les humains.

“Il y a longtemps, le fils de mon meilleur ami est revenu avec une douce demoiselle qu’il épousa et avec qui il remplit sa vie d’un tendre bonheur. Il réussit à pardonner ses excursions les nuits de pleine lune et prit son habitude de parler aux arbres avec un grain de sel. Mais lors du jour des funérailles de son père, il ne put accepter son fou rire... Il ne fut plus le même depuis ce jour. Il chassa la fille et on n’a revu ce pauvre garçon qu’une fois, mendiant dans la ville de Challon.”

Lissi tourna furtivement le coin et s’arrêter quelques instants, à bout de souffle. Elle happa rapidement quelques goulées d’air en s’accotant sur le mur de brique encore chaud des derniers rayons de soleil. Elle passa sa main dans ses cheveux bruns humides de sueur pour les enlever de son visage. Des voix se firent entendrent non loin. Elle ne prit pas le temps de regarder de cette direction avant de remettre son capuchon ocre sur sa tête. D’un pas sûr, elle se dirigea vers l’océan des tentes du marché.

Une fois dans le marché, elle regarda les fiers soldats de Vauraken avant de gratter doucement à la porte d’une tente brune. Un des sergent lui fit un sourire en coin avant de poursuivre son observation de la foule. La porte de la tente s’ouvra et un homme au chapeau de fourrure l’écorcha d’un regard dur.

- Vous désirez? La voix du marchand était rauque et il ratissa Lissi des yeux comme un loup affamé qui observe un agneau.

Les yeux de Lissi s’agrandirent mais elle réussi à contenir sa peur et garder son sang-froid.

- Je désire aller à la passe pour retrouver mon frère. Il est parti avec les dernières troupes de Vauraken ce printemps.

- Vous avez de quoi payer?

Lissi pris le temps d’exagérer ses mouvements et retira un vieux mouchoir de sa poche. Elle en ressortit deux Vauras tout brillants et neufs.

- Est-ce que ce sera assez?

Le marchand hocha la tête.

- Nous partirons demain pour La Passe. Nous joindrons les colonnes de nouveaux soldats qui s’y rendent. Puis tu ne seras plus mon problème. Compris?

- Oui.

Un vieux général de la Passe, Devonnien nous a raconté cette histoire vers la fin de sa carrière :

« J’avais fini mon service militaire d’obligeance d’un an à la Passe, j’avais vu des horreurs plus qu’à la moyenne et j’avais hâte de retourner chez moi pour diriger les Croisades Devoniennes vers Sahira en tant que Capitaine. J’étais jeune et plein de pisse et de vinaigre, j’avais fait quelques trucs stupides et réussi à me faire compter parmi les cyfeillions.

J’avais fini mes bagages; je m’en allais pour de bon et j’avais assez vu de la Passe, assez entendu de la Passe, assez senti de la Passe, assez goûté de la Passe. Je m’ennuyais des montagnes et du ciel bleu. J’aurais dû paqueter plus vite. Thoronhen avait entré dans ma chambre avec son regard noir toujours prêt à tuer et avec, m’avait plaqué sur une chaise.

Il était un grand guerrier Eldar qui ne parlait presque jamais. Il dormait dans son armure et ses bottes et portait ses longs cheveux noirs attachés sur sa nuque. Pour la première fois, j’ai entendu le son de sa voix.

- C’est arrivé la nuit.

- Quoi?

- La mort : elle est arrivée la nuit. J’étais à la veille de ma cérémonie d’adulte et la mort s’est écrasée sur le village.

- Ah oui, et elle le fait encore. À plus tard mon ami. Moi, je m’en vais dans les montagnes.

J’aurais juste dû écouter ce qu’il avait à dire, lorsque j’ai essayé de le contourner, (les Eldars ne se déplacent pas pour le plus commun des mortels) il me plaqua la main à l’épaule et je me suis retrouvé par terre.

« J’avais un goût de sang et de terre dans la bouche. J’entendais crier autour de moi. Des cris humains qui ressemblaient pourtant à ceux des bêtes. J’avais la tête qui menaçait de craquer, tant la pression était forte. Je ne pouvais bouger. Tout autour de moi avait un aspect tantôt mauve, tantôt vert. Lorsque finalement je réussi à me relever la tête j’étais dans une chambre que je ne connaissait pas et que pourtant j’étais certain que j’y habitait. Un petit hoquet pathétique fit tourner ma tête. Dans le coin de la pièce, ma mère était accroupie au-dessus de la forme déchue de ma sœur. Elle se releva la tête en me montrant les crocs la bouche pleine de sang. « MAMAN! » Ce qui avait été ma mère lâcha prise de la dépouille et se rua sur moi. Je du me défendre contre ma propre mère. Finalement, en criant, elle se sauva. Je suis le seul survivant de mon village. Ça m’a pris une lune avant d’arriver à la Passe. Je le sais parce que je n’ai pas osé dormir. J’ai marché le jour, parce qu’il y avait moins de monstre et la nuit, j’étais dans les arbres, mais je ne pouvais pas dormir. Ma mère, elle y est encore, je le sais parce qu’elle me parle encore dans mon sommeil. Elle me dit que le monde sera enseveli un jour. Je la cherche, parce que je veux la taire. »

Finalement, j'ai compris qu'il m'avait fait revivre un souvenir à lui, mélangé à ses pensés présentes. J’ai compris ce qu’il voulait me dire. Personne n’est à l’abri du Monde des Morts. Même ceux qu’on a aimé et qui sont partis, eux s’y retrouvent encore et n’ont pas le choix. Je me bats pour la vie, pour trouver ceux qui sont restés et leurs donner le choix à tous le monde des deux mondes. Je suis cyfeillion, je n'abandonnerai pas les Eldars. Ni mon ami Thoronhen.