Une meute doit parfois se renouveler…

…Lillaké arriva à la lisière des terres de Winsthroft peu de temps passé minuit.

Le voyage de retour avait été des plus étrange et inquiétant. La guerrière s'absentait dès le coucher du soleil et Lillaké restait seule au campement. Dans la journée, Wulf voyageait en silence, prise par ses pensées. Garan, quand à lui, était resté en arrière pour régler quelque problème avec son domaine, mais il avait promis à Wulf qu'il la rejoindrait à Larochelle sous pu.

Comme d'habitude, Wulf avait disparue dès le couché du soleil, laissant Lillaké seule. Elle avait décidé de continuer sa route et d'arriver le plus vite possible au manoir. Elle n'osait plus fermer l'oeil, ils étaient toujours là à lui tourner autour. Son corps était couvert de marque. Elle se promit de jamais en parler à qui que se soit tellement les souvenirs la terrifiaient….

Bien qu’elle avait encore disparu, Wulf ne restait jamais bien loin de son amie. De loin, camouflée au travers des ombres de cette forêt macabre, la guerrière surveillait, laissant lentement la rage prendre le dessus de la raison.

Après avoir passé un bon moment à se laisser guider au travers de la forêt et de tout ce qu’elle pouvait offrir, Wulf eut un mauvais pressentiment. En se retournant en direction de la lune, elle crut voir un homme marcher entre les ombres…Réalisant qu’il était maintenant derrière elle, elle se retourna subitement, ne laissant ainsi peu de chance à l’homme de la surprendre. Ce qui se présentait devant elle ne faisait aucun sens…Elle était maintenant à quelques pas d’un homme dénudé, ensanglanté et enchainé aux arbres tel un animal qu’on prévoyait découper.

Sur ces gardes, elle s’approcha de l’homme. Avec le bout de la lame de son épée, elle souleva tranquillement la tête de l’étranger… c’était Beregon!!!

D’un regard curieusement vide, Beregon ne fit que crier le nom de son amie : « KAERIAN!!!!!!!! »

Légèrement effrayée, elle recula de plusieurs pas, pour enfin reprendre ses sens et réaliser qu’il n’avait jamais été devant elle…Peu importe où il était, Beregon ne reviendrait probablement jamais… Du moins, c’est ce qu'elle croyait maintenant.

T'es pas drôle là...

Reculant devant l'effroyable vision ou rêve qui venait de saisir Wulf, son nom, son vrai... KAERIAN ne cessait de résonner dans sa tête. Perdu entre la réalité et le songe, le seul fait d'avoir l'entendu lui avait fait l'effet d'une douche froide et elle se saisit.

Lasse, seule, frissonnante....Wulf demeura dans la forêt.

L'aube avait chassé les sombres escapades de la louve. Les yeux entrouverts, les muscles encore endoloris, Wulf découvrait sa couche improvisée à l'intérieur d'un viel arbre.

-Beregon....

Murmura la louve au réveil. Assurément, il fallait retrouver les siens.. et guérir la meute.

Se dirigeant vers le village d'un pied ferme, la louve s'enquit des siens. Elle s'informa sur Mère Marie-Izabeau, d'autres messagers qu'elle avait humblement payé lui rapportèrent des nouvelles de Winsthroft ou le Marquis comme on le nommait maintenant. À la tombée du jour, lorsqu'elle se permettait d'approcher les villageois, elle étudiait secrètement Topanga et fut fière de reconnaître sa fidélité mais Wulf ne s'affichait pas encore.
Ce soir la, un messager qu'elle entretenait depuis quelques jours semblait hésiter avant de lui faire son rapport.

-Allez Petit Pierre, approche. Quelles nouvelles m'apportes-tu?

Petit Pierre savait trop bien qu'elle lui avait donné la plus périlleuse, voire une mission impossible: trouver Éliam. Il craignait encore une fois la réaction de la louve car la veille, l'absence de nouvelles de celui-ci avait mis la dame dans un furieux état et la fit fuir dans la forêt pour le reste de la nuit. Le jeune messager s'avança et haussa les épaules. Lourde de chagrin, Kaerian se leva, ébouriffa la tignasse sombre du jeune avant de quitter dans les profondeurs de la forêt. Petit Pierre se jura de demeurer éveillé jusqu'à son retour afin de lui servir une tisane des plus réconfortante.

Pieds nus et seulement qu'en chemise de nuit, Kaerian longeait un sentier abandonné. Son esprit voguait entre la perte de Eliam et le songe
troublant de Beregon....

Perdu dans ses pensées, Wulf se retrouva rapidement au bout du sentier abandonné. Quelque chose l’avait guidé jusqu`au bout, quelque chose la poussait continuellement à avancer… quelque chose ou quelqu’un la surveillait.

Un grand coup de vent glacial la réveilla subitement, lui permettant ainsi de constater l’endroit. Malgré la Lune qui tentait désespérément d’illuminer la clairière, tout était sombre et triste en ce lieu. Bien que par le passé, il y avait probablement eu de grandes festivités dans cette clairière abandonnée, elle n’était maintenant qu’un triste symbole de solitude, cicatrisé de vagues souvenirs d’un passé depuis longtemps oublié…

Au centre de la clairière, il y avait un ancien rond de feu et quelques vieilles chaises de bois délabrées. Tout comme la vision qu’elle avait eue plus tôt, elle remarqua un homme assis seul, qui fixait des flammes inexistantes. Pour le moment, elle était encore trop loin de celui-ci pour l’identifier adéquatement, mais elle s’imaginait que la vision de Beregon était probablement revenue lui faire quelques surprises… et elle n’avait pas tort.

Acceptant cette vision, Kaerian alla s'installer à ses côtés. Elle replia ses jambes sous sa chemise et les enveloppa de ses bras avant d'y déposer son menton. Sans rien dire pour quelques instants, elle savourait la présence de son frère d'armes. Il y avait trop longtemps qu'elle avait senti son énergie, trop longtemps qu'elle avait eu ce contact avec Beregon. Il fasait partie d'elle tout comme Éliam et Winsthroft, et ce tier manquant avait déséquilibré Wulf.

Laissant l'air frais lui rappeler qu'elle ne dormait pas, Kaerian se retourna pour voir si Beregon y était toujours...

À la grande surprise de la guerrière, Beregon était toujours présent à ses côtés.

Contrairement à la dernière vision, l’homme n’était pas dénudé et complètement ensanglanté. Bien qu’il y avait quelques taches de sang ici et là sur ses vêtements, Wulf reconnaissait très bien l’attirail habituel de son frère. Cependant, elle remarqua rapidement qu’il n’y avait aucun livre autour de lui et qu’il semblait totalement hypnotisé par une grande croix de fer tenue entre ses deux mains.

-Le Monde change Kaerian... et il nous dépasse continuellement.

Il présenta la croix a wulf.

-Pour ce que nous accomplissions, nous nous réveillons un jour et tout ce qui nous reste, ce ne sont que des cicatrices et de mauvais souvenirs d’un passé trop souvent négligé. Pour ce qui j’ai fais et ce que je suis, cette croix est tout ce qui me reste Kaerian…rien d’autre…

La croix n’avait rien de très spectaculaire. Elle était mal forgée, inutillement lourde et complètement négliée. Cependant, Wulf remarqua aussitôt que son irrégularité était principalement causée par des dizaines de noms gravés à même le fer. Au centre de la croix il y avait le nom de Melydia gravé et beaucoup plus gros que tout les autres.

-Et toi ma sœur…il te reste quoi exactement ?

Kaerian remarqua la croix qui ornait les ahbits de son habituelle Beregon mais ses yeux avaient changés. Tristes et résolus. Cette déclaration perça les entrailles de Wulf.. de Kaerian et l'empêcha de se ruer vers lui enfin de le serrer dans ses bras pour sceller ces retrouvailles. Patiente, elle camoufla cet énorme sanglot qui lui bloquait la gorge. Que lui restait-il vraiment??

-Moi... j'ai été aveuglée par la lycantropie, berner par les miens, abandonnée par les dieux, jugée, condamnée, refusée et que me reste-t-il??....Rien. Il ne me restait rien avant que tu ne m'apparaisse en songe...la meute....!

Elle leva ses yeux fauves vers lui.

Bien qu’il était identique physiquement, elle avait rapidement démasquée la différence qui se cachait dans les yeux du forestier. Cette vision de son ami était totalement différente de ce qu’elle avait connu en lui. Il semblait tout simplement vide.

-Il ne nous reste pas la Meute Kaerian… il faut voir plus loin maintenant. Si pour moi cette croix est tout ce qui me reste et que pour toi la meute est tout ce qui te reste, il faut unir les deux ensemble et voir la réalité qui s’y cache. Il nous reste la foi mon amie…l’espoir si tu préfères. Présentée à chacun de nous selon nos choix, elle devient l’arme idéale pour combattre la vérité qui hante notre existence. Nous sommes seul et nous ne pouvons rien y faire…

Il accrocha la croix à sa ceinture pour ensuite se lever et tendre la main à Wulf. Au croisement de leurs regards, la guerrière eue droit à un grand sourire de la part de l’homme.

-Tu viens marcher?

Non pas Wulf mais Kaerian, que Beregon avait éveillé de part son premier songe, se contenta de hocher la tête et de prendre la main de son ami.

-Beregon, mon Beregon. Tu sais que vous n'êtes pas les premiers compagnons de route qui croisez ma vie de femme des armes. Mais vous êtes ceux qui avez été envoyés soit par le destin ou par Brigid.

Elle hocha la tête avec désolation.

-Je me suis perdue.. Beregon.. je me suis perdue moi Kaerian et cette perte m'a fait perdre un homme que j'aimais trop, frustrer un autre et créer un.......monstre.

dit-elle dans un murmure.

-Mais maintenant que tu es ici .. ou que tu me visites dans ce songe rempli d'espoir. Je ne peux que rêver de nos futur croisades.

Elle sourit.

Les deux amis marchèrent côte à côte comme dans le bon vieux temps. Pendant plusieurs minutes de silence, il longèrent le sentier que Wulf avait empruntée jusqu`à ce qu’ils arrivent à la lisière de la forêt. D’un regard perplexe, l’homme fixa le manoir du Marquis.

-Tu dis t`être perdue Kaerian? Tu ne préfères pas plutôt penser que tu t’es seulement temporairement égarée? Celui que tu as perdu ne t’a jamais vraiment appartenu tu sais. Celui que tu as frustré n’a fait qu’écouter son orgeuil au lieu d’écouter son coeur. Pour ce qui est du monstre… peut-être….peut-être en était-il déjà un d’avance…

Il s’approcha de l’oreille de son amie pour laisser souffler un mumure.

-J’ai participé à une croisade et j’y ai perdu mon âme à tout jamais Kaerian…conserve la tienne mon amie.

À ce moment, quelqu’un approcha, torche en main. C’était probablement Topanga qui venait voir pour son amie qui était partie depuis déjà plusieurs heures. Wulf se retourna pour continuer sa conversation mais Beregon n’était plus là. Bien qu’elle était légèrement perdue dans ses pensées, la guerrière était certaine d’avoir entendue le murmure d’une incantation…

Lorsqu'elle vit qu'il n'était plus là Kaerian se mit à hurler. Elle cherchait en vain dans les buissons ne portant pas attentions aux estafilades ni aux cailloux lui lascérant les pieds nus. C'est alors que Topanga la saisie par les épaules afin de la ramener vers le manoir.

-Tu l'as vu?? tu l'as vu hein?? il est revenu Topanga!! Oui la meute est revenue.

Désolée de la démense qui gagnait de plus en plus la guerrière, Topanga secoua la tête afin de calmer la louve.

-Biensur Wulf.. biensur....

-Wulf??...oui.. oui c'Est ça je suis là et ils le sont tous....

Topanga ne savait pas trop comment réagir. Elle n'avais jamais vue Wulf dans ce genre d'état.

Saisissant toujours Wulf par les épaules, essayant de calmer La grande guerrière un peu elle lui fit un sourir.

-Viens Wulf, si sa te dit on arrêtera chez moi en chemin. Prendre un petit quelque chose a boire et manger. Si tu veux tu es la bienvenue a y passer la nuit aussi. Ce n'est pas si loin d'ici.

Topanga espérait bien que Wulf accepte son offre. Même si elle le savait que Wulf pourrait se défendre et se sortir des situations les plus impossible, Topanga aimait mieux qu'elle sorte de la fôret, pour le moment au moins, pour penser un peu a autre chose.

-Sa fait un bout qu'on ne sait parler Wulf. Je veux que tu me rencontre tes aventures des derniers mois

Heureusement que Topanga avait retrouvé Wulf car la guerrière avait un peu dérappée. Elle suivit son amie vers ses appartements. Grelottant car elle n'avait que sa chemise de nuit et ses pieds dénudés frôlaient le sol encore givré.

Caché à même la végétation, Beregon fixait ses deux amis qui lentement s'éloignaient vers les lumières du manoir.

-À la prochaine... dit-il en murmurant.

Avant que Topanga n'ai eu le temps de revenir vers la guerrière avec du pain et du fromage, Wulf avait déjà quittée la chaumière.
Où était-elle encore allée!

Quelque chose manquait. Se réfugiant dans une vieille souche, dépourvue d'hygiène depuis son retour de Draiorch, Wulf rongeait l'os d'un vieux repas abandonné pas des campeurs appeurés pas sa vision. La louve. Qu'en était-il devenu?
Se laissant bercer par les clapotis printaniers d'une source en cascade, elle repassait les derniers évènements dans sa tête brouillée par des instincts fauves. Lilaké de retour dans les bras de Winsthrofts, Topanga semblait en pleine forme et qui saura accueillir Garan, le retour de son Beregon....un signe? Marie-Isabeau devenue une femme importante dans le clergé et qui saura faire sa place aux côtés du Cardinal de Manlieu. Et...
-Eliam...
Camouflant au plus profond d'elle-même ses sanglots qui ne demandaient pas mieux que de surgir tels une cascade de tristesse. Ce vide....Incapable de revenir au manoir, à l'auberge et à la civilisation ... perdue.

Wulf avait longé la route comme une mandiante elle tendait, elle aussi, la main vers les caravanes qui entraient sur les terres du Marquis. Les gens autour d'elle quémandaient de la nourriture afin de survivre jusqu'au premiers fruits. Ils ne portaient pas attention à la femme crottée qui jadis combattait pour eux. Cependant, un enfant qui tirait impatiemment la jupe de sa mère insistait sur les traits de cette femme aigris par la tristesse et l'abandon.

-Maman... la dame porte la cape rouge de la louve !!! Maman!! C'est la louve.. celle dans tes histoires!! Regarde MAMAN!!!

Sa mère ignorait les remanques fabuleuses de l'enfant. Mais le garnement n'était pas convaincu qu'il sagissait simplement d'une femme oubliée. Lorsqu'il s'approcha de Wulf, le jeune ouvrit grand les yeux en reconnaissant la dent pendue au coup de la louve.

-Wulf??? vous êtes la grande Wulf??.. celle qui peut combattre un troll de forêt à mains nues et qui a crevé les yeux de l'horrible sorcière de la Valée... Celle qui a chassé les démons de l'église St-Germain!!!WOW.. c'Est vrai que vous avez regardez la mort droit dans le yeux????

Surprise par ce garçon, Wulf écoutait ces légendes et ne reconnaissait plus cette guerrière. Elle se contenta de lui sourire, de l'ébouriffer et de lui chuchotter à l'oreille:

-Petit je n'ai pas crevé les yeux de la sorcière de la Valée... je l'a décapitée!

Ensuite, elle lui fit un clin d'oeil avant de disparaître dans la forêt solitaire.
Le bambin, impressionnée et tétanisé par cette rencontre de rêve, retrouva sa mère.


*****************

Wulf regagna l'étang près de son abrit de fortune et hésita avant de se mirer .

C'est alors qu'une lumière olympienne, enveloppa Wulf. Prise d'une soudaine caresse maternelle, Kaerian dite la louve accepta dans ce sombre moment de s'y laisser bercer.

-On me l'a souillé, volé et moi je l'ai abandonné!!

Toujours dans l'étreinte de sa mère, Kaerian ferma les yeux et souhaitait s'y laisser mourir. Mais ce parfum fauve, cette voix mielleuse et cette silhouette divine était aussi Brigid... déesse louve. Wulf en était sa fille, encore laissait-elle dans l'ombre l'identité du père mais ce soir elle ne réveilla pas ce genre de questions...non...Ce soir, elle était venue sauver sa fille.

Topanga ayant maintenant son propre petit domicile sur les terres de Sir François et Laure Emmanuelle. Elle y emmena donc Wulf afin de lui servir un bon repas et des vêtement chaud.

Discutant depuis un moment on frappa soudainement à la porte. Topanga ouvrit un peu surprise de n'y trouver qu'une enveloppe au sol adressé au nom de Wulf.

Wulf s'empressa de l'ouvrir afin d'y lire un court message qu'il figura rapidement provenir de son fidèle messager.

"Les aubergistes du Lion d'or disent avoir vu fréquememnt Éliam durant l'hiver et que selon les dires il serait ébergé par un certain Augustin dans les cartiers pauvres de Larochelle"