Tout le monde à le droit à un peu de repos après tout...

Après une longue journée de travail de gestion de ses nouvelles terres, le Marquis de Sadis pouvait enfin profiter d’un peu de repos. Il s’installa confortablement dans l’un de ses salons afin de profiter de la vie et peut-être même d’une bonne coupe de vin.

À peine quelques secondes après avoir pris place sur son fauteuil, Winsthroft déposa sa coupe et pour subtilement sortir une dague de sa manche. Quelqu’un se cachait dans l’ombre de la pièce.

-Beregon : Je vois que la noblesse ne t’a pas encore fait perdre tes sens.

Le forestier avança quelque peu afin de laisser la lumière dévoiler son visage. Physiquement, il était semblable, mais quelque chose avait changé en lui et Winsthroft pouvait aussitôt le remarquer. De sa main droite, il tenait fermement une grande croix de fer.

(Si ca ne marche pas Louis, je vais tout simplement effacer le message )

Quelque temps avant qu'un serviteur vienne lui annoncer le retour tant attendu de Lillaké, Winsthroft était tranquillement assis sur l'un des nombreux divans aux cousins recouverts de velours rouge qui meublaient le boudoir de son appartement. Devant lui, les flammes d'un feu de bois qui dansaient dans le foyer tentait de chasser le peu de fraicheur que le début du printemps réussissait à faire entrer. Comme à tous les jours, il tentait d'oublier sa solitude. Devenir marquis avait certes augmenté sa qualité de vie (peut-être un peu trop même), mais jamais il ne s'était senti aussi seul, et ce, malgré le fait qu'il était constamment entouré de serviteurs ou de d'autres nobles à la vie tellement "palpitante". Décidément, il s'ennuyait d'être sur les grands chemins, de l'adrénaline du combat, des situations désespérées... bref, de tout ce que signifiait être aventurier.

Le marquis sombrait de plus en plus dans la mélancolie du passé lorsqu'un léger bruit le fit revenir à la réalité. Quelqu'un d'autre était présent avec lui.... En sortant délicatement une dague qui était discrètement cachée dans sa manche, Winsthroft tenta de trouver la source du bruit. Rapidement, il remarqua que la personne se cachait dans l'un des coins les plus sombres de la pièce. Il s'apprêta à attaquer lorsqu'il entendit une voix familière :

-Beregon : Je vois que la noblesse ne t’a pas encore fait perdre tes sens.

Winsthroft était en mesure de reconnaitre cette voix, même si elle avait été mélangé à des milliers d'autres. Instantanément, le voleur changea de position et tenta autant que possible de cacher sa surprise.

- C'est certain que je n'ai pas encore perdu mes sens. J'en aurais toujours besoin tant et aussi longtemps que des gens comme toi ou moi pourront se rendre jusqu'ici sans même être vus de personne. D'un autre côté, je t'ai déjà dit il y a déjà très longtemps que les villes étaient beaucoup plus mon élément que le tien... c'était à l'époque où l'on chassait un très gros loup si je me souviens bien. Je suis donc heureux de voir que je ne m'étais pas trompé.

Winsthroft émit un léger soupire. Décidément, le marquis était nostalgique. Tout en tentant de se reprendre, il fit un léger sourire en coin puis continua :

- Je présume que tu n'as certainement pas fait tout ce chemin seulement pour prendre le thé avec moi? D'ailleurs, où étais-tu depuis tout ce temps? As-tu finalement trouvé ce que tu cherchais?

Les commentaires de son ami le fit sourire.

-Alors mon Wind, tu es toujours aussi sérieux et sarcastique si je comprend bien? Tu n’as pas changé et c’est ce que j’aime de toi.

Il déposa sa croix sur la table, enleva sa ceinture d’armes et prit place face à au Marquis.

-Malheureusement je suis capable de répondre à seulement deux tes questions… Je n’ai effectivement pas fait tout ce chemin seulement pour venir prendre le thé avec toi. J’avais Wulf à voir et je compte bien avoir une discussion avec Éliam. Par contre, pour le moment c’est avec toi que je désirais parler de tout et de rien si tu as peu de temps.

Le forestier profita du moment pour se laisser écraser dans le fauteuil. Épuisé de sa route, c’était le premier endroit confortable qu’il avait vu depuis quelques semaines.

-Je n’ai pas trouvé ce que je cherchais puisque j’avais tout ce que je désirais il y a quelques mois. Maintenant, sans même avoir pu contrôler mes actions, je n’ai plus grand-chose… je…

Il prit une grande respiration.

-Je ne me souvient plus de rien Wind…

À la mention du nom de Wulf, Winsthroft ne put s'empêcher de faire un sourire. Si la grande guerrière était de retour dans les environs, cela voudrait dire que Lillaké le serait également. La journée aura été beaucoup moins mauvaise que ce que l'avait cru le voleur au départ.

- Tu sais Bear, j'ai toujours dit depuis que j'ai acquis mon titre de noblesse que vous seriez les bienvenus chez moi. En fait, cela me fait beaucoup de bien de voir des visages connus de temps en temps...

D'une certaine façon, le rodeur pouvait remarquer une certaine forme de calme qu'il n'avait pas souvent eu la chance de voir chez son compagnon d'armes. Un peu comme s'il avait finalement fait la paix avec les démons de son passé. À moins que cela n'était qu'une parure de plus? Il était parfois difficile de bien cerner les pensées du voleur.

Par contre, Winsthroft fronça légèrement les sourcils suite aux paroles énigmatiques de son ami. Avec un léger regard en coin, il fixa la croix en fer que le forestier venait déposer sur la table :

- Je ne suis pas certain de vraiment te suivre... Que veux-tu dire par tu ne te souviens plus de rien? Sais-tu au moins ce que tu as fait depuis ton dernier départ?

Le forestier baissa le regard vers sa croix. Cette croix qui représentait tout ce qu’il lui restait réellement. Sans même regarder son ami il murmura de honte.

-"Non…je ne me souviens plus des raisons de mon départ..."

Il prit sa tête entre ses deux mains.

-"Wind! Je ne sais même plus pourquoi je suis parti. Tout allait bien pourtant…depuis ma rencontre avec le Sidhee du désert, nous avions déterminé quoi faire…nous savions ce qu’il restait à faire pour le livre. De ce que je me souvient, nous avions même trouvé des prophètes qui nous avaient expliqué la piste à suivre. Après? Plus rien… je me souvient m`être réveillé en territoire Dévonien plusieurs semaines plus tard selon ce que j’ai pu reconstituer."

Il releva la tête et Winsthroft pouvait voir son ami pleurer pour la première fois depuis des années.

-"J’ai...j’ai perdu le livre à partir de ce moment Wind…Comme je le sentais encore en sécurité, j’ai décidé de le retrouver, mais je n’arrivais jamais à le situer correctement. Après plusieurs semaines j’ai donc pris la décision de retourner voir ma fille question de me retrouver un peu et comprendre ce qui m’était arrivé."

Le forestier essuya ses larmes et empoigna sa croix afin de la présenter correctement au Marquis. Il y a des dizaines de noms gravés tout autour et au centre il y avait celui de Melydia.

-"Tu sais ce que j’ai trouvé dans le village mise à part cette croix? Et bien je n’ai rien trouvé Wind…tu te souviens de ce que nous avons fait pour le village il y a longtemps? J’ai bien peur que les brigands sont revenus…tout le monde était mort…même ma…même ma fille Wind!"

Une rage s’empara aussitôt de lui mais il serra de plus en plus la croix tout en prenant de grandes respirations.

-"J’ai retrouvé les responsables…ils seront à tout jamais les dernières vies que j’ai enlevées…maintenant je n’ai plus le livre, je suis le dernier de mon sang et je suis incapable de terminer ma propre vie…"

D’un regard vide d`âme et d’expression il fixa Winsthroft.

-"Et je m’en fou complètement!"

(Désolé pour le délai dans la réponse... Fin de BAC oblige...)

Winsthroft regarda pendant un moment son ami qui se trouvait dans un moment de faiblesse. Le sujet de la disparition du livre l'inquiétait au plus haut point, mais certaines choses devaient passer en priorité. Il laissa quelques instants à Bérégon afin que ce dernier puisse se remettre un peu plus à son état d'esprit habituel. De cette façon, le forestier serait plus apte à comprendre et accepter les choses qu'il était sur le point de lui dire.

Le marquis s'approcha un peu plus de Bérégon et lui prit le visage entre ses mains. Tout en le fixant directement dans les yeux, il dit d'une voix plutôt stricte :

- Bérégon, est-ce que te mentir à toi-même t’aide à mieux accepter les faits?

Avant que le forestier ne puisse réagir, Winsthroft continua à parler avec un ton beaucoup plus doux et apaisant :

- Ce que j’essaie de dire c’est que tu n’es pas responsable de ce qui est arrivé. Je t'ai souvent dit par le passé que tu n'avais pas à porter le poids du monde entier sur tes épaules. Comment pourrais-tu vraiment être responsable des actions des autres? Ce sont les brigands qui ont causé la mort de ta fille et non pas le fait que nous avons libéré le village de leur emprise. Si sa n’avait pas été nous, d'autres aventuriers auraient fait le même travail à notre place et la même histoire se serait produite... En fait, le résultat aurait été pire puisque tu n'aurais jamais su ce qui est arrivé à ta fille.

- Crois-moi. Je suis le premier à savoir que le poids du passé est parfois quelque chose de difficile à soutenir. Mais avec le temps j'ai appris à accepter que le passé est et restera toujours comme il a été écrit la première fois. Que tu le veuilles ou non, tu ne pourras jamais faire changer ce qui est arrivé, et ce, même si tu passes le restant de tes jours en ayant des remords... Par conte, ça ne veut pas dire que tout est sans issues. En effet, rien ne nous empêche d’essayer de faire changer les choses pour tenter de créer un futur meilleur.

Le marquis arrêta de parler et fut parcouru d’une sorte de frisson. Un peu comme si de durs souvenirs du passé venaient de faire surface dans sa mémoire. Il ferma les yeux puis les rouvrit quelques secondes plus tard. Son regard semblait maintenant plein de conviction :

- Maintenant il faut que tu fasses un choix. Vas-tu reprendre tes convictions afin défendre les choses que tu tiens à cœur ou vas-tu continuer à descendre dans l’enfer mental que tu es en train de toi-même créer autour de toi? Si tu veux mon avis, la mort est surement plus enviable que la deuxième solution... et là je parle par expérience...

Il avait entièrement raison et Beregon le comprenait très bien maintenant. Mais cette discussion ne pourrait jamais rien changer à la réalité du forestier.

-Merci Wind…Comme toujours tu es un bon ami et un excellent confident. J’avais tout simplement besoin de dire cette information à quelqu’un et je me disais que tu comprendrais.

Il reprit ses esprits et porta quelques regards à la pièce. Pour un moment, le Beregon que Winsthroft connaissait était revenu.

-C’est beau chez toi en passant. Un peu sombre mais ça donne un petit quelque chose à l’endroit…

Puis sans même laisser la chance à son ami de répondre il divagua à nouveau.

-Tu sais, je n’ai jamais dit que j’ai perdu mes convictions. Cependant, il y une nuance très importante à comprendre. Plus que jamais, j’ai la foi en la vie et en ce qu’elle apporte. Je crois sincèrement que l’homme mérite mieux et accomplira de grandes choses. Par contre, je n’ai plus la foi en ce que je suis pour la vie en général.

Il fixa à nouveau sa croix.

-À un certain moment, un homme doit tout simplement accepter son sort et suivre le courant. Je peux sembler totalement pessimiste, mais en réalité je suis plus positif que jamais Wind. J’accepte ma réalité et surtout ce que je dois faire dorénavant. Je n’ai plus de poids à porter, je n’ai plus de décision à prendre…je suis enfin libre mon ami.

Il afficha un grand sourire tout en accrochant la croix à sa ceinture. Après avoir une grande respiration qui semble le libérer entièrement de ses mauvaises pensées, il se releva afin d’inspecter la pièce. Il prit un livre au hasard et tout en le feuilletant rapidement, il parla à son ami.

-J’ai manqué quoi exactement? J'ai vu Wulf se promener seule dans la nuit, mais que se passe-t-il avec Éliam?

Par honte, il n’osa même pas le questionner au sujet de Nienna...

Winsthroft était heureux de savoir que son ami allait bien. Les deux hommes avaient toujours eu une facilité à se comprendre et à pouvoir s'entraider dans les moments de faiblesse. Cela était probablement dû au fait que leur passé se ressemblait beaucoup malgré les situations différentes qu'ils avaient vécues.

- Tant mieux si tu te sens enfin libéré de tout le poids que tu portais sur tes épaules. Et c'est encore mieux si tu acceptes aussi bien ta réalité que ce que tu dis. J'ai également passé par là au courant de la dernière année, et je dois avouer que je m'en porte beaucoup mieux. Mes problèmes, autant ceux du passé que ceux à venir, me semblent beaucoup plus faciles à gérer maintenant. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est Tirvor et Sir François que je dois remercier pour cela....

Alors que Bérégon faisait maintenant le tour de la pièce, Winsthroft resta assis et prit une gorgée d'un breuvage alcoolisé qui se trouvait sur une petite table à ces côtés. Lorsque le forestier lui demanda des nouvelles de leurs compagnons, le marquis fit d'abord une moue signifiant l'incompréhension et le découragement.

- En fait, je suis forcé d'avouer que je suis un peu dépassé par les événements. On me sert ma propre médecine depuis que je suis devenu un noble. Plusieurs personnes ne veulent plus me donner d'information et on me fait continuellement des procès d'intention. Pour ce que j'en sais, Wulf a finalement réussi à avoir de nouveau la lycanthropie qui supposément pourrait être contrôlée. Mais elle semble être tombée quelque temps plus après dans une sorte de dépression ou de crise d'identité. Faut dire que je ne sais pas trop où elle en est, car elle est partie avec Lillaké il y a quelques mois afin de se rendre à Draioch. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis...

Il prit un léger respire afin de ramasser un peu de courage avant de continuer.

- Pour ce qui est d'Éliam... Il s’est avéré que c'était lui le traite dont tout le monde nous parlait. Lorsqu'il avait ramassé le livre contenant Légion, il avait été infecté par son essence démoniaque. Lorsque nous avons exécuté la cérémonie pour détruire l'un des livres, Légion s'est manifesté en lui et nous n'avons pas eu d'autre choix que de le tuer. C'est... moi qui ai porté le coup final... (Il était possible de voir que Winsthroft était encore affecté et dérangé par l'assassina qu'il avait du faire sur son frère d'armes.) Il a par la suite été ressuscité par Marie-Izabeau lorsque nous étions certains que tout était enfin fini. On croit maintenant qu'il est enfin libéré du démon qui l'habitait. Depuis, je n'ai pas beaucoup revu Éliam. Je ne sais donc pas vraiment ce qu'il devient...

Aux dernières paroles de Winsthroft, le forestier failli échapper le livre qu’il tenait. Tout s’expliquait maintenant. Éliam qui avait touché le livre lors de son enchainement. Ensuite, la fois ou le livre avait disparut quelques minutes et qu’Éliam était revenu de nulle part. Sans oublier, l’homme qu’il avait massacré à la faille…Tirvor avait eu raison depuis le début…

Bien que la rage en lui commençait à bouillir, Beregon porta la main à sa croix tout en prenant une grande respiration afin de bien se calmer.

-Traitre…Est-ce vraiment possible de parler de traitre lorsque nous parlons de Légion et de possession? Avec l’expérience que j’ai face à cette ordure de Légion, j’en doute. Éliam n’était qu’un pion parmi tant d’autres...et…et je dois définitivement lui parler maintenant.

Après un certain moment de silence, Winsthroft pu sentir la main de Beregon se déposer sur son épaule droite.

-Bien que ton titre est entaché par ton prédécesseur, quelque chose me dit que tu es et fera un excellent marquis. Après tout, tu es un homme du peuple à la base.

La main se retira et bien qu’il ne le voyait pas, Winsthroft savait très bien que son ami quittait.

-Soit dit en passant, je viens tout juste de parler avec Wulf dans la forêt alors il se pourrait très bien que Lillaké soit de retour…

Comme d’habitude, le marquis se retourna pour répondre à son ami, mais il avait déjà quitté.

(désolé, j'ai pas énormément de temps pour faire une longue réponse élaborée)

Winsthroft regarda en silence pendant quelques minutes la réaction de son ami. Il fut heureux de le voir contenir sa rage aussi bien. Comme le forestier l'avait dit un peu plus tôt, il avait changé pour le mieux.

-Je sais qu'il est impossible de vraiment le considérer comme étant un traitre. Légion était en lui et lui faisait faire toute ces horribles choses... Il est juste dommage qu'il ait fallu que ce soit le plus pure des membres de La Meute qui dut subir cela...

Par la suite, les encouragements de son ami réussirent à faire sourire Winsthroft. Ce n'était pas le premier à lui dire des mots de ce genre, mais entendre Bérégon lui prédire qu'il ferait un meilleur travail que son prédécesseur avait un effet rassurant.

- Merci beaucoup mon ami. J'essaierais de ne pas te décevoir sur ce niveau.

Finalement, lorsque Bérégon fut partie de la pièce, Winsthroft ne put s'empêcher de murmurer tout en riant :

- Putain de forestier... Il faut toujours qu'il fasse une sortie qui sort de l'ordinaire. Il ne sait pas utiliser la porte comme tout le monde?

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Quelques minutes plus tard, on frappa à la porte d'entrée du boudoir. Perplexe, Winsthroft alla voir et fut surpris d'y trouver l'un de ses serviteurs ayant pour tâche principale de le prévenir des dernières nouvelles du manoir.

- Monseigeur. Tel que vous l'avez demandé, je viens vous prévenir que Lillaké vient tout juste d'arriver au manoir. Nous l'avons mené à ses nouveaux cartiers où elle s'y trouve à l'heure actuelle. Puis-je vous être utile à autre chose?

La réponse du Marquis fut simple et directe:

- Allez me la chercher. Je crois qu'elle me doit quelques explications.

Lillaké regarda d'un air perplexe la chambre que Winsthroft lui avait assigné pendant son absence. Jamais elle avait vue autant de richesse, elle avait de la difficulté à croire que c'était maintenant sa chambre.

Elle resta immobile à contempler la chambre. Elle n'osa pas bouger de peur de salir quelque chose. Elle avait une salle d'eau à elle.. et un balcon menant vers les jardins intérieur!!! Elle n'en revenait tout simplement pas.

Elle alla vers une table près de la fenêtre pour y déposer son sac de voyage. Elle en sortit la carte qu'elle avait vol.. emprunter dans la bibliothèque et la déposa délicatement sur la surface polie du meuble. Elle défaisait sa valise lorsqu'elle entendit cogner à la porte. Elle alla ouvrir et un serviteur à l'air froid et hautain, lui annonça que sir Winsthroft la demandait immédiatement dans ses cartiers. L'homme la poussa presque à l'extérieur de sa chambre pour la conduire le plus rapidement possible aux cartiers de son maître. Arriver devant la porte, il la regarda d'un air sévère et glacial avant d'annoncer:

- Monseigneur, comme demandé, je vous apporte Lillaké.

Il laissa entrer la jeune femme et referma la porte juste derrière elle.
Immobile, elle regarda Winsthroft sans dire un mot.

Winsthroft était partagé d'émotion. D'un côté, il était heureux de pouvoir enfin revoir celle qu'il aimait, mais de l'autre il ne pouvait s'empêcher de se sentir fâché en repensant qu'elle était partie sans rien lui dire. Il la voyait immobile, comme si elle attendait qu'il fasse le premier mouvement. Le Marquis décida donc de la faire attendre un peu afin de lui faire monter la pression. Elle avait bien été partie pendant plusieurs semaines, elle pourrait donc attendre quelques minutes de plus.

Avec un air sévère et sérieux, il la regarda donc un peu plus en détail. La fatigue accumulée du voyage se faisait trahir par les cernes sous les yeux de la jeune femme. De plus, sa peau semblait encore plus blême que dans ses souvenirs... Peut-être avait-elle encore été hantée ressemant? À cette pensée, le Marquis ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils.

Il décida alors de briser la glace avant que le silence ne devienne encore plus lourd.

- Je crois avoir plus d'un million de questions à te demander toutes aussi importantes les unes que les autres... Mais une seule d'entre elles réussit à surpasser les autres de par son importance...

Faisant un sourire détendu, il rajouta :

- Comment vas-tu Lillaké?

Voyant que le voleur se tenait devant elle sans broncher, Lillaké sentit le regard de Winsthroft la scruter sévèrement. Il remarqua qu’immédiatement la jeune femme se crispa des pieds à la tête. Elle réagit de la seule manière qu’elle connaissait lorsqu’un seigneur allait discipliner son serf, elle se prépara à recevoir les coups. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait et dans sa tête ce ne serait pas la dernière. Puis elle se détendit, ce n’étais pas son ancien maître, mais Winsthroft.

Elle allait répondre lorsque ça dernière question la désarçonna. Elle resta un moment silencieuse à le regarder, puis elle lui fît un petit sourire.

- Je vais bien, je suis revenue en un seul morceau. Disons que le voyage a été rude. En disant cela, elle plaça le col de sa cape pour cacher les marques bleutés et mauves autour de son cou.

D’une petite voix elle demanda : - Et toi comment vas-tu?

Winsthroft remarqua le crissement de Lillaké et se douta bien de ce qu'elle pouvait être en train de penser. C'est pourquoi il décida de détendre un peu l'atmosphère en prenant un air moins sévère. Il écouta d'abord ce qu'elle avait à dire, puis répliqua :

- Moi.... Hummm quoi dire... Je vais bien. Je m'habitue de plus en plus à mes nouvelles fonctions... Jusqu'à présent tout semble aller... Par contre, la vie de Marquis est E-N-N-U-Y-A-N-T-E. Disons qu'il est pas mal moins excitant de faire la gestion des ressources d'une terre que de devoir trouver LA solution qui sera en mesure de me garder en vie lorsque je suis en plein combat. Une chance pour moi que Sadis possédais une très grande bibliothèque contenant plusieurs livres en mesure de satisfaire ma curiosité sur une vaste quantité de sujets! C'était toujours mieux que rien.

Sur le coup il se mit à rire de bon coeur. Visiblement sa vie d'aventurier lui manquait un peu. Mais l'été était sur le point de revenir. Peut-être serait-il en mesure de se libérer quelque peu de ses fonctions afin d'aller prendre des "vacances"?

- Sinon je suis bien content de voir que tu es revenue. Je commençais à manquer de compagnie ici... J'avais invité une grande partie de mes compagnons d'aventure à venir rester au manoir pour l'hiver, mais pratiquement personne n'est venu. Même que certains de mes invités sont partis du jour au lendemain sans même me dire au revoir. Bref, je ne te dis pas quel genre de situation ingérable c'était pour moi... C'était presque à croire que j'étais atteint d'une maladie grave et qu'il fallait se tenir loin de moi....

Il était facile pour Lillaké de voir que Winsthroft faisait allusion à cette soirée où elle et Wulf avaient quitté le manoir sans même le prévenir.

- Mais au moins tout cela semble s'être réglé puisqu'en une seule soirée je reçois la visite de Bérégon, tu fais ton retour au manoir et j'apprends aussi que Wulf rôderait dans les environs.

Puis il reprit un air plus sérieux.

- Lillaké, sache que je ne t'en veux pas. Tu as beau travailler pour moi maintenant, mais tu es loin d'être un oiseau dans une cage. Tu es libre de circuler si cela est ton désir... Par contre, la prochaine fois, est-ce qu'il serait possible de me prévenir? Ça éviterait que je m'inquiète trop pour ta sécurité...

- J'espère que tu pourras au moins me raconter ton voyage?

Elle sourit. Elle trouva ça amusant qu’un Marquis trouve sa vie de château ennuyante….. mais bon Winstrhroft n’était pas un marquis comme les autres. Elle écouta ses explications en souriant, puis ce décida à lui dire pourquoi elle était partie sans dire un mot.

- Je suis désolé de mon départ précipité et du fait que je n’ai pas donné de nouvelle. Disons que ce voyage n’était pas vraiment prévu. Lorsque j’ai vue Wulf seller son cheval si tôt le matin, je savais qu’elle partait à la recherche de Garan à Draioch. Alors j’ai décidé de la suivre.

À certain moment du voyage, j’ai cru qu’il c’était dirigé tout droit vers le puit des dragons. Nous l’avons retrouvé dans les ruines de son ancien manoir.

Elle sourit tristement: - Il ne reste pas grand-chose de ses terres. Ses serfs essaient tant bien que mal de rebâtir, mais sans leur seigneur pour les diriger, c’est plus difficile.

Puis elle se figea en pensant à un événement qui ces déroulés dans une auberge. Elle lança un regard un peu paniqué à Winsthoft et poursuivi:

- Il est arrivé quelque chose de bizarre avec Wulf. Elle a presque arraché la tête d’un homme à main nue. Je n’avais jamais vue une telle agressivité et une telle force chez elle.

Elle changea de sujet: -Merci pour la nouvelle chambre, c’est vraiment la plus belle chambre que je n’ai jamais vue.

Il entendit un étrange gargouillis. Elle porta immédiatement sa main à son ventre et lança un sourire gêné: : Désolé…. Je n’ai pas vraiment mangé sur la route. Disons que je n’avais pas vraiment la tête à ça.