Un désert, un livre et un homme.

À voir son allure, l’homme n`avait probablement pas mangé depuis des jours. Son visage était complètement assèché par le brulant soleil du désert, ses joues étaient creuses et ses yeux étaient affreusement pochés. Comme toujours, le vent sec soufflait le sable sur le corps, pratiquement nu et affreusement amaigrit, de l`ancien forestier. Malgré tout, ignorant son environnement, il restait assit en indien au bord d`un canyon, probablement situé au cœur même du désert de Sahira. À ses côtés il y avait tout son équipement habituel qui avait subit les désastres d`un voyage au centre du désert. Devant lui, désanchainé, sans être ouvert, se tenait le livre de Légion sur un espèce de monticule de pierre, qu`il avait aménagé.

Plusieurs semaines s`étaient écoulées depuis sa séparation avec la meute et voila maintenant qu`il était dans le milieu de nulle part à méditer sans même réfléchir aux prochains jours, heures et même minutes. Pour vaincre le contrôle du démon sur sa conscience et ses pensées, il devait apprrendre à se débarasser des facteurs influents qui hantaient son âme, en testant ses limites corporelles et spirituelles. Dieu seul savait combien de temps il avait réussit à rester ainsi. Soudainement, une image de légion, non désirée, prit le contrôle de ses pensées.

Dans un élan de frustration, l`ancien forestier se releva tout en prenant le livre dans ses mains. Sa rage était tellement forte qu`il en pleurait. Sans même réfléchir il s`élanca pour propulser le livre dans le canyon pour le faire disparaisse à jamais de sa vie. Cependant, il stoppa brusquement son geste en se rappelant des êtres chers. À ce moment crucial de son existence, il se rappelait les dernières paroles d`Éliam :

« J'aurais voulu être à tes côtés lorsque tu…j'espère au moins que tu auras une pensée pour nous. »

Sans pouvoir l`empêcher, Beregon éclata de rire. Son rire, mélangé de desespoir, de tristesse et de joie, raisonnait dans les parois du Canyon. Les larmes coulaient sur ses joues, lavant ainsi la saleté que le sable avait créée sur son visage. Tranquillement, il redéposa le livre sur son monticule pour ensuite reprendre péniblement sa place de méditation. Il dirigea une main tremblante vers son équipement afin d`y sortir un morceau de biscuit sec. Cette forme de ration qu`il avait tant destestée durant son service militaire. Après quelques bouchées, il se réinstalla le plus confortablement possible et ferma les yeux. Sa respiration reprenait tranquillement un rythme normal. Peu à peu, ses pensées le quittaient pour laisser place à un vide total, un vide de tranquilité.

Tout irait bien…

Une douce brise parcouru le désert. Beregon huma l’air quelques instants, mais ne goûta que le sable qui lui grinchait entre les dents. Pourtant, dans la brise, il décela une odeur d’encens et de bois vernis; un soupçon d’humidité. Les poumons asséchés du forestier lui supplièrent de tourner la tête pour suivre l’odeur qui lui rappelait un souvenir lointain. La brise s’aventura vers le livre et attira l’attention de Beregon à celui-ci. Le soleil couchant était directement derrière l’affreux tome, les rayons lui confiant un aspect lumineux.

La brise se changea brusquement en bourrasque. Malgré sa légèreté, le livre ne broncha pas d’un poil. Tranquillement, le livre changea d’apparence : la couverture s’effrita pour devenir douce, luisante. Pour un instant, les visages d’épouvante disparurent et la chose ne devint qu’un tome relié de cuir mondain. Le vent se tu, puis quelque chose de sombre apparut sous le livre et dégoulina impassiblement du monticule en dégageant une odeur de rouille.

Beregon perçut un tintement derrière lui. Le forestier se retourna brusquement. Une table nappée de rouge; assaillie d’un couvert doré et flanquée de brasiers était apparue derrière lui. Un homme de sa grandeur, habillé d’une toge noire, aux cheveux sombres et aux yeux ténébreux y versait du vin dans une deuxième coupe dorée. L’homme lui souri d’un air moqueur et une voix tranchante gronda : « Tu voulais me parler? »

Ce n`était définitvement pas ce à quoi il s`attendait…

La méditation devait clairement commencer à faire son effet, puisque la réaction du forestier fut totalement différente de celle qu`il aurait eu par le passé. Tranquillement, Beregon se releva, essuya quelque peu le sable qu`il avait sur son corps, et prit place la table, en face de ce qu`il croyait être une manifestation de Légion. Contrairement à ses dernières rencontres avec le démon, l`homme semblait curieusement calme et sain d`esprit, tout comme s`il avait enfin appris à stabiliser le poids de son fardeau avec la force qu`il pouvait y donner.

Il prit la coupe de vin, l`éleva en l`air en guise de salutation, et bu une petite gorgée. Cependant, il n`avala pas directement le vin et contenta plutôt de lever la tête pour se gargariser correctement. Il était peut-être rendu très calme, mais son attitude de moqueur n`avait absolument pas changée.

Tout en déposant la coupe sur la table, il fixa le nouveau venu en affichant un petit sourire en coin.

-« Beregon, réalisant que la destruction du Démon ne se ferait pas aussi rapidement que ce qu`il avait prévu, prit la décision d`essayer une nouvelle tactique. Légion, voyant que son porteur attitré a maturé, se présente à celui-ci en s`assurant de paraitre comme si ce n`est pas lui, mais bien Beregon qui demandait à le voir. »

Le forestier prit une petite pause afin de tousser un peu de sable tout en conservant son attitude sarcastique.

-« Cette apparition innatendue, mesdames et messieurs, vient concrétiser les espérances du forestier. Une fin approche. »

Le vin dans la bouche de Beregon était comme de la rosée matinale d’une journée de printemps. Beregon ne pouvait qu’avaler à grosses goulées pour étancher la soif de sa gorge asséchée. De l’autre côté de la table, Légion continuait son sourire terrible.

Quelque chose vint chatouiller le bras de Beregon. D’un coup d’oeil, le forestier y découvrit une scolopendre velue. Un rire de tonnerre lointain roulait de l’autre côté de la table. Beregon leva les yeux et aperçu les insectes qui pullulaient des manches du démon et s’attardaient sur la mangeaille de la table. Ils couvrirent les mains et le visage de l’homme aux yeux noirs. Celui-ci poussa un cri d’horreur en tentant de les déloger, mais les insectes s’acharnaient sur sa chair qui se mit à tomber en lambeaux en même temps que ses assaillants. « Mon fils! Aide moi! »

Alors que les insectes s`éparpillaient de plus ne plus sur la table, le forestier retira, tout en conservant son sang froid, la bouteille de vin ainsi que sa coupe. Même si l`homme devant lui de désintégrait à vue d`œil, Beregon tendit la bouteille afin d`en offrir à son invité.

-« Encore? Non? Ta perte alors »

Il s`en versa une deuxième coupe qu`il acheva assez rapidement. Sans porter attention aux multiples insectes il se pencha sur la table afin de s`approcher de son ennemi pour que celui-ci réalise que ses petits scénarios ne fonctionneraient pas pour une fois.

-« Belle tentative, mais mon père est mort et son âme repose en paix là ou il voulait se retrouver. La prochaine fois, acharne toi plutôt sur les vivants que sur les morts. Qui sait, j`y porterai peut-être une plus grand attention? »

Il porta un regard vers le couché de soleil, refusant toujours de croire aux lamentations qu`il attendait. Tranquillement, il déposa la bouteille et la coupe sur la table pour ensuite se relever et se diriger sur le bord de la falaise. Ce couché de soleil était fabuleux.

-« Tu sais ce qui est vraiment triste dans toute cette histoire? Tu es probablement la seule perso…chose qui peut vraiment comprendre qui je suis réellement. Je regarde ce couché de soleil et je ne vois pas la beauté que la vie apporte mais bien la fin qu`il provoque. Pourtant, je sais que le jour reviendra, mais jamais pour bien longtemps. Les choses sont tels qu`elles le sont dans ce monde. Je suis tout simplement un homme et tu es tout simplement un démon…et c`est tout…rien d`autre.

Tandis que le soleil couchant arborait ses derniers rayons, Beregon se retourna, prêt à affronter les prochains déboires de Légion. L’homme qui le regardait sereinement portait le visage de son père. Ce dernier hocha la tête et leva sa coupe en guise de salut, lui fit un triste sourire. Il reposa sa coupe sur la table avant de placer ses mains d’une manière réfléchie sur la table. Il semblait penser à quelque chose. Puis, il appuya son poids sur la table pour se lever.

Le père de Beregon marcha jusqu’aux côtés de son fils tout en regardant droit devant lui sur le crépuscule désertique. Puis, il baissa la tête pour regarder le livre sur son monticule de pierre. Ses épaules s’affaissèrent d’un soupir pendant que sa main se leva pour se placer doucement sur l’épaule de son fils. La main chaude lui tapota doucement l’épaule. L’homme plus âgé regarda le plus jeune dans un regard biaisé, puis son visage s’illumina d’un triste sourire pendant que des larmes lui montaient aux yeux. « Beregon réveilles-toi… »

Le forestier se mit à tousser, puis se releva sur ses coudes, le ventre à terre, pendant qu’il tentait de déloger le sable de sa bouche. Il leva les yeux sur le ciel étoilé qui avait rejoint la terre. Une autre journée s’était terminée dans le désert…

...Le reste de la nuit, le forestier l`avait passé à observer les étoiles, couché sur le dos avec ses deux mains comme oreillers. Encore une journée de méditation c`était terminée, mais l`homme ne semblait aucunement satisfait des résultats. Plus les jours avancaient et plus il réalisait à quel point son idée n`aurait probablement jamais de fin. Après tout, rien ne pouvait lui garantir que ces exercices psychologiques l`aideraient vraiment contre la présence du démon.

Le premier mois avait été le plus difficile puisqu`il n`avait cessé de penser à tous ceux qu`il aimait. Par contre, depuis un certain temps, il avait complètement arrêté de réfléchir à eux et ce qu`ils pouvaient bien faire. Sans pouvoir le contrôller, ils faisaient maintenant tous parti d`un passé lointain et inaccessible à travers les barricades psychologiques qu`il avait créé.

Quelque part dans ce monde, ceux qu`il aimait observaient eux aussi les étoiles qui le bercait. Pour une première fois depuis quelques jours, il allait se permettre de dormir un peu plus longtemps, face au comfort qu`il ressentait en cette nuit étoilé.

Beregon se réveilla en se tordant de douleur. Son ventre lui faisait horriblement mal. On le traînait sans cérémonie sur le sol. Quelques instants plus tard et il était soulevé, il eu un moment où il lui semblait qu’il resterait suspendu dans les airs avant qu’il retombe dans un énorme éclaboussement. Beregon tenta vainement de retrouver son pied dans l’eau froide, mais il eu le temps de boire la tasse avant qu’on le soulève de nouveau pour l’écraser sur la berge. « Kaer iar o’ tholia pyl! »

Beregon essayait tant bien que mal de remettre ses poumons en marche que quelqu’un l’avait empoigné de nouveau par le collet et lui assena une taloche qui fit apparaître des étoiles. Une lumière brillante lui dardait les yeux. Après avoir craché de la boue et le restant d’eau qui l’étouffait, il réussit à s’ouvrir les yeux suffisamment pour se retrouver sur une berge ou des palmiers flottaient sous un soleil chaud. Un étranger vêtu de robes beiges le dévisageait sous un turban également beige.

Les traits pointus et les yeux bleu lumineux l'affrontait d’un regard rempli de haine : « Shar eisi o’ pyl caisi?! » Beregon du prendre quelques instants pour trouver sa voix et cracher une réponse à l’intrus : « Qu’est-ce tu veux?! » L’étranger cracha par terre avant de proférer une réponse entre ses dents. « Qui es-tu pour venir violer mon désert humain poisseux?! »

Bien qu`il s`y habituait de plus en plus, la lumière du soleil persistait à l`aveugler et à l`empêcher de s`orienter correctement. Péniblement, il se concentra afin d`observer ceux qui l`entouraient, mais surtout pour savoir qui tenait le livre. S`il ne démontrait aucun signe de résistance, ces hommes le laisseraient probablement partir.

-« Mon… »

Sans avertissement, l`un des hommes le frappa au ventre. Après avoir accepté la nouvelle douleur, Beregon releva le regard vers celui qui avait parlé en premier sans même porter attention à l`autre qui venait de le frapper.

-« Mon nom est Beregon...et je ne cherche pas à violer ton désert…je cherche à le comprendre. »

Beregon pris les quelques secondes de paix qu’on lui accordait pour se recentrer. Le forestier était dans une oasis. L’air chaud et humide y pesait tellement qu’il n’avait que le goût de s’écraser dans l’herbe. Il était tellement dérouté qu’il se croyait encerclé. Il regarda autour de lui pour se rendre compte qu’il n’y avait qu’un seul Sidhee en face de lui. Celui-ci avait toujours l’air outré et Beregon était certain que s’il ne répondait pas adéquatement à ses questions, que le fae n’hésiterait pas à le secouer jusqu’à ce que les réponses tombent d’elles-mêmes. Le Sidhee lui tendit une petite gourde. «Bois; que tu puisses sortir de mon désert avec tes ordures!»

Un Sidhee? Il ne manquait plus que ça.

Il remercia l`inconnu pour la gourde, et en prit quelques gorgées, puis lui redonna. Beregon avait tellement soif qu`il ne réalisa pas q`il venait d`en boire un peu plus que la moitié. Péniblement, il se releva pour faire face à son « attaquant ». Il essuya le sable de son visage et de ses yeux pour tenter de repérer le livre.

- « J`ai bien peur que nous allons avoir un malentendu à partir de ce point. »

Il déchira un petit bout de vêtements pour l`utiliser comme éponge afin d`essuyer le sang qui coulait encore de sa lèvre inférieure. En regardant se Sidhee, il se remémora les dernières rencontres qu`il avait eu avec d`autre individu de cette espèce, et il comprit la réaction de l`inconnu face au forestier.

-« Tu réalises que je ne quitterai pas? Contrairement à ce que tu peux croire, je ne cherche pas à créer de problèmes. Je ne cherche qu`à éloigner les problèmes des autres.

À cette remarque, il porta un léger regard vers le livre.

« Finis la gourde pauvre imbécile. » Le Sidhee se mit à maugréer dans sa langue. Avec la façon vicieuse dont les mots sortaient, Beregon était bien content de ne pas connaître le contenu des paroles. Il pencha la tête par en arrière pendant qu’il happait le reste du liquide. Une sensation de bien être commençait à engourdir les blessures de son corps pendant que le nuage mental causé par le manque d’eau et l’exposition des éléments se dissipait.

Le Sidhee s’accroupit devant Beregon pour le regarder une fois de plus dans les yeux. Pour la première fois de sa vie, le forestier comprit l’étendu de la différence entre leurs deux espèces. Le forestier avait plus en commun avec son cheval qu’avec la créature qui l’observait.

Le Sidhee prit une grande inspiration, se ferma les yeux, puis le regarda de nouveau de son regard perçant. Il semblait avoir une difficulté énorme à garder son calme. «Votre race semble prédisposée à créer des problèmes partout où vous allez. Que fais-tu ici?» Le Sidhee fit un signe de tête vers le livre, qui était enveloppé grossièrement d’une guenille. «Pourquoi as-tu apporté cette ordure chez moi? »

Après avoir terminé de boire le contenu de la gourde, le forestier l`a remit à son propriétaire pour ensuite effectuer quelques étirements de bras, question de profiter de cette nouvelle vitalité. Il cessa assez rapidement son geste lorsque le sidhee se pencha pour le fixer.

Désorienté devant le mystère qui lui parlait, Beregon se laissa bercer par les paroles d`une créature qu`il était incapable de comprendre. Une chose était certaine, il n`avait pas la volonté ni le besoin de lui mentir.

-« Pour une raison qui m`est encore partielllement inconnue, cette « ordure » fait parti d`une tache que je dois accomplir. Depuis déjà trop longtemps que la chose qui habite ce livre hante les miens et je suis venu ici pour apprendre à le maitriser…du moins, si j`en suis vraiment capable. Comme je cherchais la solitude absolue, le désert me semblait un endroit parfait.

Il eu un léger sourire en coin. Bien que le Sidhee était une chose mystérieuse et énormement plus puissante que le petit forestier, il n`en restait pas moins que Beregon était comme il était, c`est-à-dire, moqueur jusqu`au dernier souffle.

-« Dans ta facon d`agir, tu ne ressembles définitivement pas à Logan et peut-être même Imlaruil. Est-ce que tu « juges » que je suis digne de connaitre ton nom? Ci ce n`est pas le cas, je te remercie quand même pour l`eau.

Il inclina légèrement la tête.

L'homme était debout devant une table, une carte du désert déroulée reposait sur celle-ci. Il regardait, analysait, déplaçait des pierres de couleur et finit par rayé un oasis de la carte. Il releva la tête et prit une gorgée de la carafe d'eau à côté de lui. Dehors, le Soleil venait d'atteindre son zénith.

Un autre homme, beaucoup plus âgé, entra. Il vint à ses côté et regarda la carte à son tour.

Tu as appris la nouvelle alors? Le clan du tigre est tombé. Les Wemics ou les Croisés?

Il n'attendit pas la réponse et continua.

Il faudra envoyé des éclaireurs. Tu as des hommes qui sont prêt à faire le chemin? Les miens reviennent tout juste d'un camp retranché et n'ont pas de très très bonnes nouvelles.

Le jeune répondit sans même relever la tête.

Mes hommes seront les tiens tant que je ne serai pas établi. Envoie-les, ils n'attendent que ça. Et les hommes que tu as envoyés pour suivre le solitaire, ils sont revenus?

Le vieux le regarda quelques instants. Décidément, il n'était pas là pour parler d'un voyageur fou perdu dans le désert.

Ils sont revenus. Un Sidhee l'a ramassé et l'a amener à son oasis. Tu devrais le laisser règler ses comptes, nous avons d'autres chats à fouetter.

Le jeune barbare le considéra un moment.

Tes fils sont-ils prêts?

L'autre eu l'air surpris, mais repris rapidement ses esprits.

Euh oui, comme je te l'avais dit. Si tu es pour retourner à l'Ouest, ils t'accompagneront.

Le jeune ramassa un sac qu'il mit sur son dos et attrapa un boulier et une masse qui reposait sur le sol.

Je passe chez le Sidhee voir le voyageur. Dit à tes fils que nous partons dès que je reviendrai.

Il passa à côté de l'homme et s'apprêta à sortir. Avant qu'il ne franchisse la porte, le vieux lui lança :

Fait attention. Tu as rallier beaucoup de clans à notre cause, il ne faudrait pas que ça s'arrête maintenant Berreinth.

Le Sidhee haussa les sourcils, visiblement surpris. «Mon désert; l’endroit parfait? Ton idiote de mère s’était-elle accouplé avec ton frère? Es-tu si stupide que tu ne te rends même pas compte quand tu es en train de mourir?!» Il se releva, regarda au loin, tendit le bras pour qu’une buse atterrisse. Il sembla discuter doucement avec l’oiseau avant que le rapace ne reparte. « Je t’ai donné une potion de guérison pour que tu puisses être assez fort pour repartir. Prends tes immondices avec toi et ne revients plus jamais! »

Aux commentaires du Sidhee, le forestier se contenta de sourire. Il faut croire qu`il n`était pas le seul doté du don de sarcasme par excellence. Tranquillement, il se releva, enfila sa chemise trouée, accrocha le reste de ses affaires pour finalement se pencher et prendre le livre en s`assurant de le laisser couvert. Avec un grand sourire, il observa l`animal jusqu`à ce qu`il disparaisse dans le ciel.

-« Tu as fait beaucoup plus que tout simplement me donner une potion de guérison. Tu m`as prouvé que je suis sur le bon chemin! »

Il se pencha vers la source d`eau afin d`y remplir sa gourde. Tournant le dos à son sauveur.

-« Je suis peut-être fou comme tu l`as si bien démontré, mais je sais reconnaitre les signes que la vie nous apporte. Ma décision est prise depuis déjà plusieurs mois mon ami. Je reste. »

Après avoir rempli la gourde et s`être laver le visage, il se releva pour faire face au Sidhee. Il devait lui prouver que ses intentions étaient pures et surtout qu`il n`avait pas l`intention de cèder.

« Dernier avertissement l’humain, » Le Sidhee cracha le dernier mot comme s’il goûtait mauvais. « S’il faut que je te botte le cul d’un bord à l’autre du désert sacré pour que tu partes... alors ainsi soit-il. »

Face à cet adversaire mystérieux, l`homme resta immobile. Il n`avait pas fait tout ce chemin pour terminer ainsi.

-« Alors il faut croire que tu j`aurai l`honneur d`avoir un tour guidé du désert sacré par un sidhee. De ma part tu n`auras aucune résistance physique, puisque j`ai dépassé ce stade dans ma vie. Par contre, sache que peu importe ce que tu feras, je reviendrai. Ta seule option est de me tuer… »

Son regard devint sérieux.

-« Et quelque chose me dit que tu sais très bien que tu ne peux pas me tuer pour le moment. Du moins, tant et aussi longtemps que tu n`auras pas trouvé une facon de te débarasser du livre sans y toucher. Qui sait, il est fort probable que je me trompe et que tu es la dernière personne à qui je parlerai de toute ma vie.»

Il afficha un léger sourire.

-« Dans les deux cas, ce fut un honneur de faire ta rencontre, Sidhee du désert. »

Il salua ce dernier et se retourna afin de retrouver son chemin vers le canyon.

Beregon fit quelques pas et ressentit un tremblement. Il se retourna pour regarder le Sidhee. Celui-ci arborait un sourire étrange et ses lèvres tremblaient pendant que ses bras se levaient.

Du sable se mit à souffler de partout. Dans quelques secondes le sable était devenu un énorme mur qui tentait de s’empreindre dans tous ses pores. Le sable entrait dans ses yeux, dans son nez… ses oreilles se mirent à siller comme des cigales.

Le vent de tempête le poussait sur tous les angles et le forestier, dans un moment de panique, se rendit compte qu’il avait perdu son sens de direction. Au travers du mur de sable qui soufflait autour de lui, Beregon aperçut des ombres qui bougeaient.

Bien qu`il ne pouvait plus se fier à son sens de l`orientation, le forestier prit son courage à deux mains et se jeta à terre sur les genoux. Tout en percevant à peine les formes qui bougeaient autour de lui, il cria du plus fort qu`il le pu.

-« Tu crois que du vent et du sable m`empêcheront de continuer? Tu te trompes Sidhee!! Plus que tout, tu te trompes!!! »

Desespérement, il fouilla dans son sac afin d`en sortir un foulard brun pour l`enrouler autour de sa bouche. Malgré la tempête de sable qui augmentait autour de lui, il ferma les yeux pour mieux se concentrer.
Toute son énergie était maintenant dirigé vers le maintient de sa position.

Il devait y avoir une solution non violente à ce problème. Après tout, il avait autre chose à faire que de perdre son temps avec un sidhee qui ne voulait rien comprendre.

(Je ne savais pas trop si c`était un sort alors je n`ai pas osé te dire que j`utilise résistance à la magie…J`ai opté pour une solution pour naturelle.)

(*NB : Résistance à la magie ne protège pas contre les sorts à aire d’effet.)

Le sable et le vent s’intensifiaient. Le foulard qui protégeait sa bouche ne servait pratiquement à rien : le sable s’empilait avec tellement de force à l’extérieur que Beregon n’était plus capable de respirer. Le forestier du se recroqueviller sur lui-même pour empêcher le sable de l’aveugler de façon permanente. Le sable commençait à s’empiler autour de lui. Rester immobile était impossible s’il voulait ne pas rester enterré. Beregon sentit ses poumons se contracter péniblement; il avait besoin de plus d’air qu’il n’était capable d’avaler. Le forestier sentit la panique s’éprendre de lui…

Le sable devenait de plus en plus dangereux, et Beregon ne savait plus vraiment quoi faire. Il était prit entre son devoir de rester dans le désert pour méditer et sa survie. Finalement, la situation ne se règlerait pas aussi facilement que le forestier l`avait cru. La panique d`être enterré vivant prit le dessu et il ne pu s`empêcher de crier quelque chose qu`il s`était juré ne plus jamais faire.

-« C`est bon, j`ai compris!! Tu gagnes!! Je vais quitter ton désert.

Complètement démoralisé par la situation, il s`éfondra sur le sol, provoquant ainsi un éclaboussement de sable comme si tout le poid des derniers mois venaient de tomber avec lui. Il était seul, affaibli physiquement et mentalement, à moitié mort et complètement perdu. Le sable l`avait pratiquement recouvert en entier et le forestier ne pouvait penser qu`à une seule chose à dire.

-« Encore une fois Légion…tu gagnes... »

Le vent se dissipa et Beregon pris une énorme inspiration. Il se retrouvait seul sur les dunes de sable du désert. Le soleil plombait encore une fois de plus sur lui. Il se releva péniblement pendant qu’il secouait le sable qui l’avait attaqué pendant la tempête. Chercha sa gourde pour essayer de déloger le sable qui était resté collé dans sa bouche. Il ne la trouva pas. Il arracha le foulard de son visage. Chercha le reste de son équipement. Il était également partis… ainsi que le livre.

Beregon lava la tête vers le ciel, exaspéré. Ses yeux picotaient, mais, par manque d’eau, aucune larme ne tombait. Il ferma les points et se mit à hurler de rage vers le soleil.

« Hé, t’as pas fini ton tapage?! »

Le forestier releva la tête, fou de joie à l’idée qu’il n’était pas seul. Tourna la tête cers la voix. Une jeune femme armée et vêtue de cuir avançait vers lui en guidait un cheval d’une main et tenait de son autre main une chaîne blanche qui pendait de son épaule. Elle s'arrêta une vingtaine de pas en devants de lui.

-Que fais tu ici tous seul? T'es perdu?

Pour un court moment, l`épuisement provoqua chez le forestier l`impression qu`il était devant Wulf, venue l`aider à surmonter cet épreuve. Mais la voix de la jeune guerrière le ramena à l`ordre. Elle n`était pas Wulf.

Quelque peu gêné de la situation et surtout épuisé par la tempête de sable qu`il venait de subir, il s`empressa de se relever pour déloger le plus de sable possible. Était-il en train de devenir complètement fou? Comment de gens voyageait ce désert suposément peu peuplé?

Tout en essuyant le sable de ses yeux : -« Avant une mauvaise rencontre, je n`étais pas perdu…mais maintenant je le suis...Maudit Sidhee!! »

Bien qu`il tentait de cacher le plus possible son inquiétude par rapport à la perte du livre, il est évident que Beregon était énervé et qu`il portait souvent son regard vers la chaine de l`inconnue.

Nerveusement, il tournait sur lui-même afin d`observer les environs, en espérant trouver son équipement ou peut-être même le Sidhee. Tout en creusant quelque peu dans le sable à ses pieds, il se présenta en saluant de la main.

-« Beregon et toi? »

Berreinth marchait depuis quelque temps dans le désert. Comme il connaissait suffisamment bien l’endroit il se contentait de faire un détour dans une partie rocailleuse et pourvus d’un peu de végétation pour retrouver le Sidhee. Il ne servait à rien de se dépêcher et les dunes étaient dures pour les chevaux ainsi que les hommes. De plus, les Sidhee étaient mauditement difficiles à trouver quand ils le souhaitaient.

La Bête se contenta de penser à sa raison de chercher le forestier. Que lui dirait-il s’il réussît à le trouver? Le trouverais-t-il en vie seulement? Est-ce que le Sidhee lui laisserait la vie sauve? Encore plus important que ferait-il avec Beregon une fois qu’il le tiendrait