Un désert, un livre et un homme.

«Ton objectif est complètement stupide.» S’empressa de dire le Sidhee. Puis, après un moment de réflexion, il ajouta: «Les djinns sont aux humains ce que les araignées sont aux mouches. Ils ne se nourrissent que de leur sang. Une fois par génération humaine, ils sortent de leur refuge pour courtiser les humains avec des souhaits. En guise de paiement, ils capturent leur proie pour les dévorer à leur guise. Certes, ils savent tout sur les humains. Tu pourrais probablement trouver ta réponse avec eux. Sauf qu’il suffit qu’il y en ait un pour qui le temps est de se nourrir. Tu n’en ressortirais jamais et tu ne t’en rendrais jamais compte.»

Aernilghalad jeta sur lui un regard furibond : «Tu veux mon avis Edan? Cette chose que tu gardes, que tu protèges, cette ordure est un problème strictement humain. N’implique pas les autres races à ce cauchemar personnel. Crois-moi Beregon, tu ne veux pas faire face aux miens.»

Ce sidhee devait définitivement apprendre à comprendre les intentions des gens avant de parler trop rapidement. Du moins, c’est que Beregon pensait à voir la réaction, encore une fois, trop exagérée de son compagnon de voyage.

-« Sans vouloir te reprendre continuellement, j’aimerais te signaler à nouveau, pour que tu comprennes bien une fois pour toute, que je ne protège pas cet ordure de livre. Si seulement quelques personnes doivent subir du mal pour que plusieurs n’en recoivent jamais les conséquences, alors je me porterai à jamais volontaire pour cette tâche. Si tu as de la difficulté à comprendre ce concept, alors je ne peux que ressentir que de la pitié pour les tiens. Peut-être que les hommes ont la mémoire courte, mais j’espère croire que certains tentent de faire une différence.»

Beregon comprenait les commentaires du sidhee, mais il ne pouvait pas croire que celui-ci pouvait avoir une conscience générale aussi fermée.

-« Si tu dis vrai par rapport aux djinns, alors je vais me fier à ta parole et trouver une autre solution pour mon problème. Comme je t’ai dis, je respect tes conseils malgré le fait qu’ils me semblent très subjectifs et surtout beaucoup plus portés vers ta propre perception des choses que sur les conséquences à long terme de ce que le livre peut provoquer dans le monde.»

Comme si rien ne pouvait plus le déranger, il souria lorsqu’il réalisa ce qu’il venait de dire au Sidhee. Il venait d’insinuer que ce fameux problème pouvait vraiment affecter les sidhee, bien que le contraire était beaucoup plus plausible.

-« Quoi qu’en réalité, ce n’est qu’un problème d’Edan après tout. Si on se fit à notre histoire, un autre que moi reviendra ici après ma mort pour tenter de faire la même chose. Peu importe qui il sera, tu le salueras de ma part d’accord? Question qu’il réalise avant moi son erreur.»

Bien que se dernier commentaire pu paraitre sarcastique, le forestier ne semblait pas avoir agit de la sorte. Il n’avait qu’accepter la réalité des affirmations du sidhee. On pouvait pratiquement dire qu’il avait choisit une différente approche face à ce qu’il devait faire.

-« Sur ce mon ami, je remercie encore une fois pour ton aide et j’espère quand même pouvoir te revoir un jour dans de meilleurs conditions.»

Sans même attendre une réponse de Aernilghalad, il le salua comme ami à un autre et entama son chemin vers l’ouest, vers les Milandes.

Aernilghalad interpella le forestier d'une voix forte: "Edan! Attends!" Puis, plus doucement: "Beregon, une partie du monde pèse sur tes épaules. C'est beaucoup pour un seul homme."

Le Sidhee prit une grande inspiration avant de continuer. "Un gouffre immense sépare nos deux espèces et nous sommes chacun sur une falaise à l'opposé. Mais, les falaises et le gouffre sont, après tout, sur le même monde... Je ne pourrai jamais voir les choses du même oeil que toi et j'ai bien peur que tenter de t'aider résulterait peut-être en ta perte. Saches que là n'est pas mon but. La force des Ed... la force des hommes, est aussi leur faiblesse. Tu dois recevoir de l'aide Beregon, même si cela veut dire la défaite de ceux qui sont près de toi."

L'être qui se tenait devant Beregon semblait avoir de la difficulté à discuter avec lui. Sous les mots qu'il disait, Beregon décelait un autre message que le Sidhee voulait désespérément lui convier. La frustration de ce dernier face à son inhabileté à lui transmettre ses pensées étaient flagrantes. Les mots ne suffisaient pas et Beregon avait une difficulté tout aussi grande à déchiffrer ce que voulait lui dire le Sidhee.

Beregon tentait du mieux qu’il le pouvait de discerner le message que Aernilghalad tentait de lui dire, mais il était incapable de comprendre pour celui-ci semblait avoir autant de difficulté à expliquer son fond de pensés.

-« Je comprend que tu ne peux pas m’aider, et je le respect. Cependant, tu dois me dire clairement ce que tu sais. Évidemment, si je dois comprendre par moi-même le temps venu alors j’apprécie ton avertissement et sache que j’y songerai à chaque jour pour mieux déchiffrer son importance. »

Il prit un moment pour réfléchir.

-« Lorsque tu parles de la force des hommes, j’imagine que tu veux parler des choix que nous pouvons constamment faire à notre propre guise et ce peu importe les conséquences? Mais malheureusement, ces choix provoquent parfois des problèmes trop compliqués à surmonter seul. Ce qui pourrait être qualifié de force et faiblesse en soit, n’est-ce pas? »

Il aurait pu demander à propos de la perte de ses proches, mais le forestier acceptait de plus en plus que pour accomplir l’impossible, plusieurs devraient mourir…et ce même parmis ses plus proches amis.