Un désert, un livre et un homme.

La bouche et les yeux de la jeune femme s’ouvrirent de stupéfaction. Pendant près d’une longue minute, sa mâchoire bougeait comme celle d’un poisson. Dans d’autres circonstances Beregon aurait trouvé la scène comique si ce n’était pas du regard horrifié que portait désormais la demoiselle.

Prenant une grande inspiration, elle se ressaisit. Elle regarda l’homme devant elle de la tête aux pieds et des pieds à la tête, ajusta la poigne qu’elle avait sur son cheval et sur la chaîne et balbutia : « Be…Beregon? Mais… ce n’est pas possible!»

Étant concentré à fouiller le sable tout autour, en espérant y trouver son équipement enfouit, le forestier ne rémarqua aucunement la réaction de la jeune guerrière jusqu’à ce qu’elle se prononce sur la véracité du forestier. Sans nécessairement comprendre la panique que son nom pouvait provoquer, l`homme se releva pour faire face à la jeune femme.

Ne se rappelant pas l`avoir rencontré par le passé, Beregon prit quelques secondes afin de l`inspecter correctement pour tenter de replacer son visage dans sa mémoire. Elle ne lui disait absolument rien, mise à part pour la chaine qu`elle tenait.

-« C`est curieux, puisque ma présence devant toi me parait moins impossible que la chance que nous avons d`avoir une aussi longue chaine identique. La différence est que je cherche encore la mienne… Tu ne l`aurais pas vu peut-être?»

Subitement, il se lanca par terre afin de continuer à creuser les environs, puis il releva la tête pour lui faire un grand sourire.

-« Tu ne m`as toujours pas dit ton nom d`ailleurs? »

Le Soleil était chaud, mais il avait déjà connu pire. Des voyage de la sorte dans le désert, il en avait déjà fait de bien plus long. Cette fois, il devait se contenter de retrouver un ami. Si c'était bien lui. Il arriva au sommet d'une colline rocailleuse et regarda le Soleil se coucher. Il pouvait encore marcher quelques heures, mais il lui faudrait s'arrêter dans un trou afin de se protéger des créatures nocturne.

C'était ce qu'il adorait du désert, le connaître comme le fond de sa poche. Il savait où marcher pour éviter les trous de scorpion, il connaissait le chemin le plus rapide pour se rendre d'un oasis à un autre, mais aussi celui le plus sécuritaire. Il n'avait pas besoin de douter de son chemin, puisque le chemin avait été emprunté et partagé des centaines de fois avant lui. Il n'avait besoin que de se fier à lui-même, ce qu'il avait toujours fait. Aujourd'hui, ses connaissances lui permettraient de retrouver un ami.

Les éclaireurs l'avaient décrit, ils avaient même fait mention d'un livre enchaîné, mais il ne serait certain que lorsqu'il le verrait. Il lui avait un jour promis qu'il l'aiderait avec ce livre et si Bérégon était aujourd'hui dans le désert de Sahira, alors la Bête n'avait pas encore complété sa promesse.

« Euh… » Puis la jeune femme se tu. Elle observa l’homme devant elle comme si elle tentait de le dessiner. Elle fit un petit rire paniqué, qui lui rappelait celui que sa propre mère avait quand fait elle avait attrapé son fils à lancer des cailloux sur le bœuf du voisin. (Beregon avait été un petit truand. )

Plutôt que de parler de nouveau, elle sortit une gourde et en prit de grandes gorgées. Pendant qu’elle refermait la gourde, elle se secoua la tête. « Je suis en train de perdre la tête. » Elle murmurait comme si elle se parlait à elle-même. Puis elle adressa le forestier : « Désolée, j’ai cru que vous aviez dit : Beregon? »

Le soleil tombait doucement, et Berreinth se trouva un endroit paisible pour y faire son camp pour la nuit. Une toute petite source cachée sous un amas de pierres. Seuls quelques végétaux trahissaient l’emplacement de la source d’eau. Elle sortait directement de la terre et était incroyablement froide. La Bête entendit le son de clochettes tinter et tourna le regard et vit une caravane d’Ahzaris qui lui firent signe de la main. Un des hommes des dirigeants vint au-devant de lui. Il leva les deux paumes en signe de respect et de salutations. « Partageons la source pour la nuit. »

Il avait dénitivement perdu toute son équipe.

Sans trop comprendre les réactions de la jeune fille, il remarqua quand même qu`elle le scruta en profondeur, tout si elle l’avait déjà rencontré. Puis, elle rementionna son nom comme s`il ne s`était pas déjà présenté.

-« Mais tu ne te trompes pas, je suis bel et bien Beregon. Par contre, je dois t’avouer que je ne te reconnais pas…ton visage m’est famillié, mais comme je voyage depuis l’age de 14 ans, laisse moi te dire que j’ai rencontré beaucoup de gens et qu’il m’arrive d’oublier les visages. »

Le forestier essuya le sable qui lui restait sur les épaules pour ensuite il l'a regarda avec un grand sourire, comme s'il venait de retrouver une partie de lui. Étrangement, le l'homme semblait incapable de contrôler ses émotions.

-« Tu pourrais toujours me dire ton nom? Tu ne viendrais pas des milandes par hazard? »

La jeune fille fit un sourire peiné pendant que les larmes coulaient sur ses joues. « J’suis vraiment finie! » Elle avala un sanglot, pris la chaîne à deux main et vira son fardeau devant elle. Liés par la chaîne blanche, se trouvaient deux livres couverts de peau humaine. « Ma mère m’appelait Melydia.»

Du coup, l’âme et le corps de l`homme figèrent dans le temps. C`était totalement impossible qu’il se retrouve en présence de sa fille. Légion ou le Sidhee devaient lui jouer des tours. En voyant les deux livres, l’homme voulu crier toute l’air de son corps, mais il se concontra pour maintenir son sang froid. Après tout, il ne pouvait pas se permettre d’agir de la sorte devant sa fille et il devait mettre en pratique ses méditations.

Tout en tremblant légèrement, il s’approcha calmement de sa vie pour mieux l’inspecter. Il n’y avait aucun doute, elle était bel et bien Melydia…

-« mais…mais…tu n’as que douze ans. Comment est-ce possible? Tu es dans ma tête n’est-ce pas? Tu es un test, une illusion. Légion ou ce putin de sidhee tente de me faire comprendre quelque chose. »

Il dirigea sa main vers les livres pour voir si l’un d’eux ressemblait à celui qu’il possédait.

Berreinth défit le foulard qui le protégeait du sable et du Soleil et salua à son tour l'homme.

Je suis Berreinth de la tribu de Barann.

Ce fut les premiers et les derniers mots qu'ils dit cette soirée là. Aux questions des caravaniers, il répondait comme à son habitude, sans détail et de façon brève. Il considéra la route qu'il avait à parcourir avant d'arriver à destination et révisa son trajet. S'il voulait le faire à temps pour le conseil des tribus, il devait accélérer le pas.

Beregon n’eut pas le temps d’approcher le livre. Melydia avait déjà en main un kriss reluisant qu’elle pointait impunément vers son père. D’un ton déterminé, elle lui adressa la parole : « Je ne pense pas que tu aies d’affaire à toucher ces livres. Ils sont ma responsabilité et pas la tienne. Tout le monde sait comment s’est terminée ton histoire. » Elle renifla : « La mienne finira autrement. » Elle ouvrit de nouveau une gourde en en bu avant de l’offrir au forestier.

Une femme se détacha du groupe puis vint s’asseoir devant lui, en défaisant son foulard. Berreinth vit qu’elle était une de ces beautés exotiques du désert. Elle avait le teint pâle et les yeux verts et des mèches de cheveux noirs encadraient son visage aux traits dessinés. Lui souriant doucement, la jeune femme, lui offrit un thé à la menthe sucré dans une petite tasse d’étain sans poignée. Puis elle le regarda d’un air questionneur en sortant de sa poche un paquet de cartes enveloppé de soie noire. Un des hommes de la caravane se racla la gorge bruyamment pour attirer l’attention du barbare. Fait attention… La demoiselle fit un signe d’apaisement de sa main puis se retourna vers Berreinth.

La Bête regarda la fille s'asseoir prêt de lui sans broncher. Comme à son habitude, il garda le silence, empoignant la tasse sans quitter du regard la femme. Avant de prendre une gorgée, il se rappela des enseignements des nobles chez qui il avait vécu.

Merci.

Il pris une gorgée et regarda la femme développer le paquet.

Si toute cette histoire n’était qu’un mauvais rêve, sa fille n’en restait pas moins très semblable au forestier au niveau du caractère. Elle était fière et déterminée, comme il l’avait été jadis.

Voyant qu’elle insistait à ce qu’il ne touche pas aux livres, l’homme recula quelque peu en levant les mains, signalent très clairement qu’il n’avait aucune mauvaise intention dans son geste.

-« Tu as raison, le…les livres sont ton fardeau dorénavant. Cependant, puisque nous avons pratiquement le même âge, tu ne crois pas qu’il y a quelque chose d’étrange à l’œuvre ici? »
Il prit une gorgée d’eau, puis il la remercia d’un geste de tête.

-« Malgré tout, quelque chose me dit que tu n’es pas réellement devant moi...quelque chose me dit que je suis depuis le tout début toujours couché dans le désert à moitié mort. J’aimerais que tu sois vrai, mais tu es probablement une création de ma tête afin de comprendre ou plutôt expliquer ce que je dois vivre. Après tout, l’homme à toujours besoin d’expliquer le plus concrètement possible ce qui lui arrive. »

Elle pouvait pratiquement croire qu’il était fou. Il lui parlait, mais en réalité il semblait plutôt discuter avec lui-même. D’un air découragé, il remit la gourde à sa fille.

-« Tu dois penser que je suis fou n’est-ce pas? Tant qu’à y être, tu pourrais peut-être m’expliquer comment mon histoire c’est terminée? Le deuxième livre n’est probablement pas ma création puisque je n’en ai qu’un seul présentement?

Apaisée par son léger recul, la jeune femme présenta la gourde de nouveau, en insistant qu’il en boive encore un peu. « Tu n’es jamais sortit du désert. Tes amis ont tenté de te retrouver en vain. Le livre a ressurgit peu de temps après. Légion avait empoisonné une province entière de gens. » Melydia s’essuya les yeux du revers de la main, en tenant toujours son arme. Elle fit un petit rire exaspéré. « Les Devoniens ont finalement eu leur guerre sainte! Ils ont massacré des villages entiers de gens possédés… des hommes, des femmes… des enfants. Comme si les Milandes avaient besoin de plus de forces maléfiques. » Elle lui tendit de nouveau la gourde, l’incitant à boire une fois de plus. « Tu aurais dû accepter de l’aide. Personne ne peut faire quelque chose comme ça tout seul.»

Elle sortit du paquet d’anciennes cartes à jouer. Adroitement, elle les mélangea puis lui les replaça devant lui. Elle fit mine de lui laisser choisir. Aussitôt l’invitation acceptée la jeune dame regarda le tout avec un air absorbé. Pour la première fois, elle lui adressa la parole d’une voix mélodieuse : « Vous venez d’ici, mais cela fait longtemps que vous n’êtes pas revenu chez vous. Vous courrez après le destin d’un autre. » Elle continua à retourner les cartes une à une. « Vos actions détermineront le destin de plusieurs… » Elle soupira tristement, en hochant la tête. « Mais vous n’êtes pas prêt; pas encore. » Elle leva la tête, lui souriant chaleureusement « C’est un plaisir de vous rencontrer, Berreinth. Votre ami n’est pas loin et est sous la protection d’un des miens. » Elle se pencha pour lui caresser le bras. Lorsque sa main couvrit la sienne, Berreinth sentit quelque chose sous ses doigts. Il ouvrit sa paume pour découvrir une amulette. « De cette façon, mon ami vous reconnaîtra. » Elle continua à le regarder d’un air placide.

Complètement bouche bé par ce que sa fille lui disait, le forestier figea sur place. Il ne pouvait s’empêcher de s`imaginer les horreurs qui se produiraient si le livre tomberait entre les mains de mauvaises personnes. Pour une dernière fois, il prit la gourde en buva une bonne gorgée et remit la gourde à Melydia. Ne sachant plus trop quoi penser de toute cette histoire, l’homme se retourna afin de fixer l’horizon. Le désert était très calme, comme si une tempête s’annoncait.

-« Et..Tu crois vraiment que j’ai fuis ma tâche? Tu penses que j’ai refusé l’aide qu’on m’a offert? Depuis maintenant trois ans, je ne fais que ca accepter l’aide des autres! Tu sais ou ca nous a mené jusqu’à maintenant? NULLE PART! »

Toujours de dos, il se pencha vers le sol pour empoigner un peu de sable qu’il laissa couler de sa main lentement.

-« Depuis que j’ai la charge de ce livre, j’ai l’impression que plus j’avance, plus je donne de pouvoir à cet horreur qui nous condamne. Pour une fois j’ai décidé d’entreprendre quelque chose d’utile au lieu de fuir constamment et tu me dis que ma tentative ne donnera rien d’autre que la misère aux autres? Je refuse!!! Ce n’est pas vrai que je vais encore faillir à quelque chose, pas cette fois-ci!! Je suis ici pour apprendre à contrôler le mal qui peut influencer les autres lorsque le livre est autour d’eux."

-« Ne me dit pas que tu n’as pas remarqué que ceux qui t’entourent changent et sont parfois incapable de se contrôler à cause de ce putin de livre? Répond moi franchement? Est-ce que je suis complètement fou ou mes intentions te semblent quelque peu logique à ce point?»

Il se retourna afin de voir la réaction de sa fille.

« Fuir cette tâche? Me penses-tu vraiment aussi innocente pour croire qu’elle telle chose est possible? Légion suit notre famille comme un requin suit l’odeur du sang. Ne t’es tu jamais demandé pourquoi? » Melydia recommença à avancer en lui tendant les rennes du cheval. « Puisque tu es ici… » Elle haussa les épaules en lui faisant un petit sourire. « Mon équipe est à quelques jours derrière moi. Ils m’ont aidé à parvenir jusqu’ici et me rattraperont un peu plus tard. Je suis à la recherche des djinns. Ils peuvent peut-être m’aider à en savoir davantage. » Elle passa une main dans sa chevelure avant de recommencer à parler. « Je suis poche avec les introspectives. En réalité… » Elle baissa le ton de sa voix avant de continuer. « Je ne sais plus si je suis seule dans ma tête. » Elle posa sur Beregon un regard paniqué familier. Le forestier reconnu tout de suite ce regard parce qu’il l’avait vu plusieurs fois dans ses propres yeux.

Curieusement, elle agissait trop normalement pour quelqu’un qui discustait avec son père disparu depuis des années. Malgré tout, le forestier ne pu s’empêcher de prendre les rennes tout en souriant à sa fille.

-« Bizarrement, je ne crois pas être la meilleure personne pour t’aider présentement…je dois t’avouer que je suis tout aussi perdu que toi par rapport à ce que je suis, ce que je pense et ce que je fais vraiment."

Il émit un léger rire inquiet.

-« Après tout, je suis quand même perdu dans un désert en train de marcher avec ma fille vieille de douze, qui possède maintenant deux livres…Tu vois un peu le portrait?"

Bien que sa remarque semblait quelque peu sarcastique, Beregon se contenta de tout simplement sourire à Melydia. Il ne l’a connaissait pas vraiment, mais il ne pouvait s’empêcher d’être fier d’elle.

-« Si ce n’est qu’un rêve, je suis quand même heureux de te rencontrer… je n’ai probablement pas été un très bon père pour toi et je ne crois pas que je puisse dire quoique se soit qui pourrait changer ton passé… j’imagine que tu n’as surment pas eu un beau parcours de vie par ma faute? »

Sachant qu’elle n’allait proablement pas répondre, il se contenta de continuer la discussion.

-« Pour ton problème, j’imagine que tu pourrais toujours en parler à quelqu’un qui est important à tes yeux. Comme tu l’as dis tout à l’heure, il est impossible de vaincre ce démon sans l’aide de nos proches. Une chose est certain pour moi, la Meute est…a toujours été à mes côtés lorsque je doutais pouvoir m’en sortir sain d’esprit. Il me manque énormément d’ailleurs.»

Il l’a regarda un moment réalisant à ce point les millions de questions qu’il avait pour elle.

-« Tu…tu sais ce qui est arrivé à la Meute après ma…mort? Tu n’aurais pas entendu parler d’une Nienna dans tes recherches?

« Les choses n’ont pas été simples depuis que tu es partis. Ma vie est de plus en plus bizarre. » Melydia donna une fois de plus la gourde à son père, fronça les sourcils et semblait se concentrer profondément. « Je ne suis pas certaine d’avoir toute l’information que tu cherches non plus. Vois-tu la Meute ne me dit pas grand-chose mais en même temps, c’est comme s’il y avait un souvenir qui tentait de me revenir. Qui est Nienna? » Elle arrêta sec derrière la tête du cheval que Beregon guidait. Puis, elle revint le regarder avec un immense sourire. « C’est vraiment toi n’est-ce pas? Une partie de toi tout de même; en quelque part? Oh et puis de la merde! » Melydia se précipita dans les bras de son père pour le serrer à lui en couper le souffle.

Avant qu’elle se jette sur lui, le forestier se toucha la tête et le torse comme s’il tentait de se prouver à lui-même qu’il était bel et bien présent.

-« Je crois bien être ici avec toi pour de vrai… »

À son tour, le forestier serra sa fille sans même lui laisser la chance de se déprendre. Étant plus grand qu’elle, il pu lui caresser les cheveux. Le sentiment de tenir sa fille dans ses bras était définitivement bizarre, mais toutefois valorisant. Dans sa tête, il n’était père que depuis quelques mois et pourtant il se sentait lié à cette jeune fille. Après un long moment, elle se détacha pour continuer la route. Lorsqu’elle détourna le regard un instant, le forestier essuya une larme subtillement.

-« Oublie ce que je t’ai dis à propos de la Meute et de Nienna. Bien qu’ils sont tous important à mes yeux, j’ai bien peur qu’ils font partie d’une autre vie maintenant… »
Après avoir bu une autre gorgée, il remit la gourde à sa fille.

-« Tu devrais rationner ton eau. Après tout, je voudrais t’aider, mais tu es beaucoup plus importante que moi maintenant et je refuse de voir ma fille mourir assoifée dans le désert. Une chose est certaine, notre rencontre doit avoir une raison? Pour ma part, j’étais avex un Sidhee avant d’être avec toi. »

Il réfléchit un bon moment pour faire liens avec tout ce qu’il avait appris.

-« Donc si je comprend bien, il y a maintenant deux livres, tu ne connais pas la Meute ce qui implique qu’ils sont peut-être tous morts, les dévonniens ont déclanchés une guerre sainte… »

Il figea sur place, pensant à ce qu’il venait de dire et refusant de croire l’hypothèse qu’il venait d’avoir. C’était impossible. Ils n’auraient jamais été aussi loin?

<-« Prenons en considération que les Dévoniens sont un peuple dirigé principalement par un élite. Disons maintenant que cet élite doit constamment provoquer ou trouver des conflits pour unifier et mieux contrôller la population. Rajoutons à l’équation un livre démoniaque probablement créer en territoire dévonien. »

D’un air terrifié il fixa sa fille, espérant provoquer une réponse ou un commentaire de sa part.

-« Ce calcul ne m’apporte qu’à une seule conclusion…mais c’est impossible…ca ne peut pas être aussi simple que ca? »

Berreinth avait déjà vu les Shamans de sa tribu procéder à des lectures de la sorte. Ils appelaient les Anciens pour en apprendre plus sur la saison à venir et et les intentions des autres chefs. Toutefois, c'était la première fois qu'il voyait quelqu'un communiquer à travers des cartes.

Il écouta ce qu'elle avait à lui dire, mais ne chercha pas à en savoir davantage. Il avait toujours pris sa vie une étape à la fois et ne cherchait pas à changer. Il savait qu'il ne pouvait pas aller en guerre maintenant, c'était pour ça qu'il retournerait à l'Ouest après le Conseil des tribus. Même s'il avait du mal à l'exprimer, l'aide qu'elle lui apportait était appréciée.

Le lendemain, la Bête se leva avant le Soleil et partit immédiatement afin de profiter de la douceur du matin.

Melydia figea d’horreur elle-même quelques instants pendant qu’elle considérait cette idée. « Tu crois que… Ooooh non! Ça ne peut pas être si simple que ça! Rien n’est simple quand on parle de Légion! » Malgré ses mots, sa fille ne semblait pas convaincue. Elle se mit à avancer d’un pas encore plus déterminé, Beregon ne puis que lui emboîter les pas qui se faisaient rapides. « J’en ai marre. J’ai découvert que les djinns connaissaient l’origine des démons. Je crois que ça pourrait aider non? » Elle avança quelques pas de plus avant d’arrêter sec. Elle le regarda d’un air ébahi : « Tu as rencontré un Sidhee… Il ne t’a pas tué au premier regard?!!! »

Le soleil s’était levé depuis belle lurette avant qu’il n’aperçoive les premiers signes de son ami. Il ne vit qu’une série de pas déambulants qui semblaient pénibles juste à en regarder les traces. Quelques minutes plus tard, il aperçut le forestier. Celui-ci se faisait maintenir le visage en place pendant qu’un Sidhee le forçait à boire d’une gourde. Beregon ne semblait pas trop se débattre, mais lorsqu’il refusa d’avancer convenablement vite, le Sidhee lui assena calmement un coup de pied au derrière. Beregon reprit sa route vers l’Ouest d’un regard inébranlable.

(ah le crosseur...)
Berreinth sourit légèrement. La description que les éclaireurs lui avaient faite était juste. Malgré les signes apparent de fatigue et de faim, il n'y avait aucun doute que Bérégon était devant lui, en Sahira, entre les mains d'un Sidhee.

Il accéléra légèrement le pas, suffisamment pour le rattraper, mais sans courir. Lorsqu'il arriva au côté du forestier, il posa sa main sur son épaule, sans tenir compte du Sidhee pour l'instant.

Bérégon.

Le Sidhee examina Berreinth d’un regard posé. « Ton ami est des plus têtus que je n’ai jamais rencontré.»