Un désert, un livre et un homme.

-« Les djinns? Ils existent vraiment? »

Voyant qu’elle ne voulait s’arrêter pour rien, il la rattrapa en tentant de la faire ralentir un peu. Question de continuer à discuter des éventuelles possibilitées.

-« Dis, tu ne m’aurais pas vu tomber de haut ou quelque chose avant notre rencontre? J’ai mal à quelques endroits sur le corps et je ne sais pas pourquoi. »

Lorsque la bête arriva tout prêt du forestier pour lui toucher l’épaule, il remarqua que l’homme n’avait aucune réaction. Il ne semblait même pas voir ce qui se passait autour de lui. Pour sa part, le forestier continua la discussion avec sa fille.

-« Soit dit en passant! On se dirige dans quelle direction exactement? Question de mieux m’orienter. »

« Pourquoi est-ce que ce serait si difficile à croire que les djinns existent? Nous sommes à la recherche d’une façon de détruire un démon après tout! » S’exclama la jeune femme d’un sourire quelque peu sarcastique. Suite à sa deuxième question, elle s’arrêta de nouveau et elle examina le forestier de la tête aux pieds en fronçant les sourcils.

- Je vais vers le Nord, dans un endroit beaucoup plus hostile qu’ici… Tu te moques de moi? Beregon es-tu blessé? Je n’ai vraiment pas de temps à perdre, alors si tu es blessé tu dois me le dire tout de suite. Que t’es t’il arrivé au juste?

Berreinth resta sérieux malgré le commentaire du Sidhee.

Pourquoi il ne répond pas?

Il attrapa le forestier par les épaules et le secoua un peu, attendant une réaction de sa part. Voyant qu'il ne bronchait toujours pas, la Bête se tourna vers le Sidhee.

Que lui as-tu fait Sidhee?

Berreinth ne prenait pas un ton violent, il était simplement sec, comme à son habitude, ne passant pas par quatre chemins pour dire ce qu'il avait à dire.

Le forestier n'eu à peine le temps de sourire à sa fille, qu'il sombra dans l'inconscience. Il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas bien.

Après seulement quelques secondes, il reprit ses esprits pour s'appercevoir qu'il était couché au sol, au pied de deux étranger qui discutaient.

Tout était encore trop flou pour parvenir à discerner les deux individus. Le forestier se contenta de tendre la main vers l'un d'eux.

-"Tu peux m'aider à me relever Melydia...je ne comprend pas trop ce qui vient de se passer, mais je suis vraiment tout mélangé...quelque chose dans ma tête ne tourne pas rond."

-"Melydia?"

Berreinth lui attrapa la main et le releva sans douceur. Lorsque la vue lui revint, Bérégon pu voir que l'homme qui parlait avec le Sidhee portait une tunique blanche salie par le temps qui le protégeait des rayons du Soleil. Devant son visage, un foulard lui permettait de respirer sans craindre les tempêtes de sable. Il portait autour de son cou un collier avec trois plumes et sous celui-ci, une amulette gravée de quelques runes. Il avait sur son dos un bouclier de bois, d'où pendait une masse.

Prochaine fois que tu visite le désert Bérégon, assure-toi de savoir ce que tu fais.

Le visage de Melydia devint de plus en plus flou pendant que Beregon tentait de reprendre ses esprits. Son visage se dégrada pendant que celui-ci se secouait la tête. Du coin de l’œil, il aperçut le visage de sa fille se déformer pour devenir monstrueux pendant un bref instant. Puis, son visage se dissipa complètement et il reconnu La Bête ainsi que le Sidhee qui l’avait accosté. Beregon tituba et retomba pendant que le Sidhee le regardait impassiblement du haut de sa grandeur, pendant que son ami le secouait en essayant de le ramener à lui.

Beregon eut un frisson d’horreur en se remémorant les derniers instants où il avait vu sa fille. Le forestier ne savait plus vraiment où donner de la tête. Se retrouvait-il dans une nouvelle hallucination ou était-il possiblement déjà mort?

Le Sidhee s’accroupit aux côtés de La Bête pour l’examiner. Il semblait inquiet, une émotion que le forestier n’avait jamais vu sur les traits d’un de ces êtres. Le fae tourna son regard sur le barbare : « Je ne suis pas vraiment certain d’où viennent ces hallucinations. Je lui fais boire des potions de guérison depuis ce matin et il n’arrête pas de divaguer. Il doit sortir du désert. » Le Sidhee fit un signe de tête et La Bête se retourna juste à temps pour voir une buse tomber morte directement du ciel. Puis il pointa un paquet couvert de guenilles dans le dos de Beregon. « Vous avez vraiment le tour de vous mettre les pieds dans les plats. Le désert est le pire endroit pour un truc de ce genre. Ne savez-vous pas ce à quoi vous avez à faire?»

Comme tout était encore trop flou dans sa tête, le forestier ne pu formuler une phrase qui faisait du sens. Il voyait et entendait ce qui se passait autour de lui, mais il se sentait comme un observateur lointain.
Avec l’aide de Bereinth il parvint à se lever sans toutefois être capable de concentrer sa vision sur un point fixe en particulier.

Désespérement, il se prit la tête entre les deux mains tout en criant le plus fort possible, tout comme s’il tentait de cracher son problème hors de son corps. Il n’en pouvait plus…

Sans encore pouvoir fixer correctement Bereinth ou le Sidhee, il se contenta de regarder dans leur direction.

« Peu…peu importe si vous êtes dans ma tête ou réellement devant moi…aidez moi à sortir de ce désert ou poussez vous de mon chemin. »

Après seulement un pas, il s’appuya sur l’épaule de celui qui disait être la bête. Comme il recommencait légèrement à regagner le contrôle de son corps, le forestier chuchota à l’oreille de son ami.

« Contrairement à ce que tu pourrais croire, je suis venu ici préparé…mais le sidhee à tout foutu en l’air… »

Il porta un regard de mépris vers le sidhee, ne comprenant toujours pas pourquoi il lui avait fait subir autant de douleur et de peine.

« Tu vas être content, je quitte ton désert…j’ai un rendez-vous avec des djinns! »

Sans trop savoir ou il allait, il tenta de s’orienter vers le nord et débuta sa marche. Après tout, il se croyait encore seul.

Le Sidhee releva un sourcil et leva sur La Bête un regard incrédule. «Mais il est vraiment malade. Il veut voir les djinns maintenant. Il veut écourter sa minable vie déjà plus?! Torarersadi teador!» Le Sidhee fit les cent pas à leurs côtés quelques instants, en tentant visiblement de se calmer pendants qu’il maugréait d’une langue qu’aucuns d’entre eux ne connaissaient. Tantôt les mots étaient doux comme ceux d’une berceuse tantôt ils étaient durs et dégoûtaient comme du venin de la bouche du Sidhee.

Devant les yeux ébahis des deux humains, le Sidhee tremblant de colère, vint à bout de reprendre ses esprits à force de respirer calmement. Il s’arrêta net devant eux et siffla entre ses dents. « Les djinns sont au Nord du désert de Sahira. Ils ne sont pas ce que vous croyez. Vous n’aimez pas les Sidhee? Les djinns sont pires. Mais certes, ils pourraient peut-être vous aider avec cette chose. Puisque je ne peux rien faire pour dissuader cet humain suicidaire de sortir de chez moi, la moindre des choses que je puisse faire c’est de l’entraîner vers sa mort. Ce sont les djinns que tu veux rencontrer adan? Ma présence te permettra peut-être de survivre suffisamment longtemps pour que tu puisses au moins leurs poser tes questions. Par contre, je ne crois pas que je pourrai vous protéger les deux. Tu dis t’appeler Beregon? Je me nomme Aernilghalad. »

La Bête fronça les sourcils, ce qu'il faisait généralement quand il ne comprenait pas ce qui se passait. Il regarda le Sidhee, puis prit Bérégon par l'épaule.

Il n'est pas fou.

Bérégon. Je vais t'amener dans un endroit pour que tu te reposes. Après, tu partiras si tu veux.

Était-ce encore une illusion, ou était-il enfin revenu dans le monde réel? Depuis son arrivé dans ce désert, les choses avaient été tellement trop étrange que le forestier ne savait plus ou donner de la tête. Malgré tout, sa nouvelle tactique fonctionnait à merveille. Plus il ne portait pas toute son attention aux gens qu’il croisait dans le désert, plus les choses avancaient.

Ne sachant pas vraiment comment réagir à l’aide apportée Bereinth et Aernilghalad, il de discuter avec lui-même tout en prenant de livre entre ses mains.

-« Un peu de repos me ferait vraiment beaucoup de bien…c’est vrai! Ensuite je dois quitter…quitter pour ne pas échouer. Winsthroft avait raison. Tu ne peux pas réussir cette tâche seul Beregon! »

En prononcant le nom de son ami, il prit conscience que la Meute lui manquait énormément. Éliam…Winsthroft et Wulf. Il était maintenant trop tard pour regretter. Le nord et les djinns étaient la seule solution possible pour le moment.

Devant les regards intrigués des deux autres, le forestier ne cessait de bouger tout en se grattant la tête. Il réfléchissait à quelque chose, mais à quoi? C’est à ce moment que Beregon remarqua la pauvre buse qui était tombée du ciel quelques minutes auparavant. Tranquillement, il se pencha vers l’oiseau afin de le prendre entre ses mains. Les yeux fermés, il resta quelques minutes immobile tout en s’assurant de tenir l’animal entre ses deux mains. Après la petite prière, il chuchotta à l’oreille de l’animal pour ensuite le déposer dans un trou qu’il creusa dans le sable. Avant de remettre le sable par-dessus la buse, Beregon détacha quelque chose que l’animal semblait avoir d’accrocher à une de ses pattes. C’était une petite lettre!

Le forestier porta un regard intrigué vers les deux autres avant d’ouvrir le petit message question de savoir s’il devait apporter cette information à quelqu’un avant de continuer son chemin.

-« Cette buse ne sera pas morte pour rien. Peu importe le message, je l’apporterai à destination le moment venu. »

Bien qu’il n’était pas encore certain si la bête était réelle ou pas, il se rappela qu’elle ne savait pas lire par le passé. C’est ainsi qu’il lu la lettre à haute voix…

(Lire post d'avant)*****

Mon frère,

Voila déjà 3 semaines que nos chemins se sont séparés et ma plaie que ton départ a infligée ne se referme pas. Tu n’es jamais loin puisque ton esprit est imprégné dans mes pensées mais ta présence nous manque. Garan, Éliam et moi sommes bien rendus à Challon sans aventures. Les honneurs ont été ... très Rocheloises.

Mais le but de ma lettre n’est pas de plaider ton retour ou de me plaindre de ton absence. Je respecte ta quête personnelle. Mais il est primordial que les informations suivantes te soient partagées. Ce qui devait arriver arriva...L’apparence de la comtesse a été découvert lors de la fête en l’honneur des survivants de la Passe. Capitaine des Mousquetaires Rémy a donc jugé bon d’arrêter Dame Laure-Emanuelle. Tu comprendras qu’Éliam et moi nous nous sommes opposés à ce geste de disgrâce.

Après de forte négociation avec la princesse elle-même, oui il y a eu négociation .. elle et moi avions un différend. Lors du transport de la comtesse, il y a eu .. des complications voici les détails.

Éliam et Topanga (les escortes que j’ai réussi à ajouter aux Mousquetaires) ont été attaqués par.... LA comtesse elle-même. Au début ils ont entendu des pages d’un livre tourner ensuite elle aurait attaqué Éliam , Topanga et Rémy. Elle est disparue,, elle a été enlevée et compte tenue de sa condition .. nous devinons facilement qu’il s’agit de Légion. L’attaque de Dame Laure ne fut pas volontaire mais une de ces histoires de possession j’imagine. Elle a versé une larme avant de s’en prendre à Éliam.

Ici c’est le bordel.. sa disparition rend la cours sérieusement en état de panique. Et que dire de Sir François...

.....

D’autres informations ont été entendues lors du repas.. un individu inconnu pour l’instant
étudie un livre enchaîné dans la bibliothèque de Challon. Nous irons enquêter sur ce sujet. De plus, j’ai reçu une invitation pour un entretien avec le Cardinal de Manlieu , en espérant qu’il a des pistes pour nous.

J’ose espérer que mon messager t’a retrouvé.

Toujours avec toi
Sans raison de mourir sans ma permission
Ta sœur

Wulf
La meute
*****

Après avoir assimilé l'information recu, le forestier resta assit au sol et se prit la tête entre les deux mains. Les choses allaient de mal en pire...

Aernilghalad regarda Berreinth pardessus Beregon avec inquiétude. Le soleil plombait de plus belle dans le dessert et évidemment, le forestier avait un cas dangereux d’insolation. Le Sidhee releva Beregon et l’épaula en faisant signe au barbare de prendre l’autre côté. Les trois firent ainsi quelques pas pendant que le paysage changeait rapidement pour donner le vertige aux deux humains.

Dans l’espace de deux temps, ils étaient revenus sur le bord d’une source dans le milieu d’une oasis. Le Sidhee et La Bête aidèrent Beregon à se rasseoir à l’ombre au pied d’un arbre. Puis, le fae prit un linge et alla le mouiller dans l’eau et le déposa sur la tête de l’humain qui divaguait. L’eau était tellement froide que le forestier eut un sursaut. Puis, Aernilghalad se croisa les bras et attendit la réaction du malade.

Berreinth n'aimait pas ce qu'il entendait. Bien sûr, il ne se considérait plus le protecteur de la Comtesse, mais elle avait participé à l'homme qu'il était devenu et il lui devait beaucoup.

Une fois rendu à l'oasis, Berreinth, silencieux, regarda le Soleil se coucher. Il laissa le Sidhee faire, sachant qu'il aiderait beaucoup plus Bérégon que lui ne le pourrait. Le regardant humecter son ami, il prit la parole.

Je vais l'amener à la Montagne Sacrée. Les chefs de tribu s'y réunissent. Il pourra profiter de la magie des Ancêtres pour reprendre ses esprits. Après le Conseil, je partirai vers l'Ouest avec ou sans lui. Si tu veux l'aider Sidhee, accompagne-nous, vous serez mes invités. De là, vous pourrez partir avec des chameaux et des provisions.

Le Sidhee inclina la tête gravement en guise d’acceptation. « On doit faire vite, il n’a pas l’air d’être capable de tenir le coup très longtemps et il doit sortir d’ici le plus rapidement possible. » Il fit un rire acerbe : « On verra si ton Conseil me laissera survivre… »

Plus le temps avanvait et plus le forestier était incapable de contrôler ses mouvements. Son esprit voulait faire quelque chose mais son corps accomplissait pratiquement le contraire. Par moment, il voulait répondre aux deux autres, mais il en était incapable pour ensuite parler lorsqu’il n’avait plus rien d’important à dire. La chaleur avait définitivement prit le contrôle de la situation.

Heureusement pour lui, les traitements du sidhee semblaient avoir leur effet puisqu’il était encore capable de comprendre les discussions sans nécessairement pouvoir trouver la force pour y participer. Jusqu`à ce qu’il se retrouve dans la montagne que la bête parlait, il n’aurait probablement pas les forces nécessaire pour continuer son chemin.

-« Bereinth? C’est vraiment toi? Tu n’es pas que dans ma tête? Ta montagne existe vraiment? »

Après les réponses de son ami, le forestier tourna la tête en direction de Aernilghalad.

-« Je crois pouvoir me rendre jusqu`à cette montagne, mais j’ai affreusement besoin de repos…merci à vous deux pour votre aide. »

Bien que le sidhee considérait l’humain comme un parasite sans importance, il pouvait quand même percevoir de la bonté dans le regard du forestier. Cet homme tentait définitivement de changer la personne qu’il était. Malgré les erreurs, les mauvais choix et le poid de sa tâche, il parvenait à puiser de l’énergie de quelque chose, mais quoi?

- Quand tu seras prêt, Berreinth…

(Bon désolé du délai)

La Bête regarda le Soleil se couché et se tourna pour regarder dans la direction opposée. Là-bas, derrière un champ de dunes, se trouvait une chaîne de montagne qui gardait depuis des générations l'entrée de la Montagne Sacrée. À son rythme, il pouvait le faire en trois jours, mais il devait considérer Bérégon qu'il devrait porter durant les grandes chaleurs de la journée. Heureusement, l'été n'était pas encore tout-à-fait commencé et ils pourrait profiter de la fraîcheur de la nuit plus longtemps.

Nous partons maintenant. On arrêtera durant la nuit pour dormir et on repartira au levé du Soleil. Apportez plus d'eau que de nourriture, vous n'aurez pas le goût de manger avec la gorge sèche.

Il ramassa son bouclier et sa masse et attendit les autres.

Beregon, étant déjà prêt, continua à discuter avec lui-même pour parfois diriger des semi-questions vers Bereinth ou Aernilghalad.

-"Si Melydia devait se résoudre à aller voir les djinns, je dois donc le faire avant elle et peut-être ainsi je ne mourrai pas comme elle me l’a dit? Peut-être vais-je pouvoir empècher certaines choses de se produirent? Non non non, il ne faut pas tenter de modifier les choses…il faut apprendre à les accepter et s’adapter…oui oui oui…"

Sans même attendre une réponse, l’homme continuait à discuter tout en remplissant ses gourdes d’eau dans la source.

-" Pratique cette source n’est-ce pas? Ca fait du bien de te revoir pour vrai Bereinth! Tellement de choses ont changées depuis ton départ…"

Après avoir rempli ses gourdes, il s'approcha de son ami et lui fit un clein d'oeil.

-"La preuve, toi-même tu as changé!"

Au travers de la légère folie du forestier, le grand guerrier du désert pouvait percevoir que le Beregon qu'il connaissait semblait très différent...plus sociable et surtout moins affecté par le poid des responsabilités.

Aernilghalad considéra la Bête quelques instants. Avant qu’il ne puisse prendre la parole une silhouette se dessina derrière lui. Habillée des robes et des foulards qui étaient la norme dans cet endroit, la nouvelle venue enleva le foulard qui lui cachait entièrement le visage avant de s’incliner en guise de respect. La Sidhee communiqua quelques paroles dans une langue inconnue avant de venir examiner Beregon.

En lui prenant doucement le menton d’une main gantée, elle lui émit quelques petits bruits comme pour apaiser les bêtes. Ses sons se transformèrent pour devenir des paroles tout aussi incompréhensibles des humains. Beregon se sentit à la fois soulagé et fortifié mais pour autant, son âme ne réussissait pas à se libérer complètement de la confusion qui le hantait. La Sidhee semblait attristée en le regardant. Elle retourna son regard vers Aernilghalad et lui semblait lui expliquer quelque chose. Celui-ci eut une réaction qui semblait presque humaine; une main dans le cou, il semblait masser sa nuque d’une douleur. Sur ce, la Sidhee se releva et pris cinq pas avant qu’elle ne disparaisse sous leurs yeux.

- Nous pouvons partir maintenant. Fit le Sidhee, découragé.

Ils allaient enfin quitter lorsque la sidhee fit son apparition. Le calme naturel qu’elle dégageait fit tenir en place le forestier assez longtemps pour qu’elle puisse lui prendre le menton entre ses doigts.

La fixation ne dura que quelques secondes mais su faire son effet. Avant qu’elle disparaisse dans la brume du désert, Beregon eu à peine le temps de laisser glisser un mot à travers les vagues d’un vent sec.

-Merci…

Il n’était peut-être pas totalement rétablit, mais il voyait maintenant beaucoup plus clairement les choses qui l’entouraient. Voyant que la bête entama la marche, le forestier se contenta d’accrocher le livre à son dos avec le reste de son équipement qu’il trouvait trop lourd à porter pour le moment. Mystérieusement, ses bras semblaient être capable d’en porter plus que son corps entier ne le pouvait.

Deux semaines avaient passées depuis le départ vers la montagne sacré des tribus sahiriennes. À l’aide de Bereinth, le forestier avait pu recevoir les meilleurs traitements possible et il était finalement prêt à reprendre la route. Caché dans l’ombre de sa conscience, le mal persistait à travers les rêves du forestier. Malgré tout, l’homme parvenait de plus en plus à maitriser, au fil de ses méditations, les mauvaises pensées.

Bien que Aernilghalad avait à plusieurs reprises insisté à ce que le forestier quitte pour retourner chez lui, Beregon n’avait pas encore délaissé l’idée de voyager vers le Nord à la recherche des fameux Djinns. Maintenant qu’il croyait avoir reprit contrôle de son âme, le forestier était encore persuadé qu’il avait vu sa fille pour une raison. Quelque chose de merveilleux c’était produit dans le désert, et personne ne pouvait vraiment le comprendre. Malheureusement, Beregon ne pouvait jamais négliger l’hypothèse que toute cette histoire pouvait bel et bien être orchestrée par Légion. Mais il fallait bien essayer quelque chose sans oublier que ce Aernilghalad, bien que parfois déplaisant, semblait vouloir aider à sa façon.

Le sidhee étant prêt depuis plusieurs jours, le forestier prit finalement la décision de continuer son chemin. Pour une courte durée il avait su profiter de la présence d’un ami à ses côtés, mais aujourd’hui, le chemin des deux hommes se séparait à nouveau. Le chemin de la guerre et du combat n’était plus celui de Beregon…

-« Il faut croire qu’encore une fois nous devons nous séparer mon ami. Je te souhaite la meilleure des chance dans ta quête et j’espère encore une fois t’avoir prouvé que ce ne sont pas tous les dévonniens qui sont comme les monstres qui attaquent ton pays. Parmi la masse aveuglée, plusieurs tentent de changer le mal qui persiste. »

Il lui serra la main exactement comme la dernière fois qu’ils s’étaient quitté tout en lui offrant un grand sourire amicale.

-« Peut-être nos chemins se recroiseront-ils un jour! D’ici là, je te souhaite la meilleure des vies mon ami. »

Contrairement à la dernière fois, Bereinth ne disait pas aurevoir à un forestier, mais bien à un homme complètement changé. Bien que le danger le traquait à tout moment de sa vie, l’homme qui avancait lentement vers le désert ne portait aucune arme à sa taille, autre qu’une gourde d’eau et son livre enchainé. Le reste de son équipement était accroché à son sac, tout comme s’il avait enfin accepté que la force des armes ne règlerait jamais la vie qu’il devait maintenant affrontée.

(Marie, tu vas pouvoir poster, puisque Tierry ne savait pas quand il va pouvoir )

La marche dans le désert était, comme toujours, longue et pénible, mais la compagnie était…différente. Du moins, c’était ce que Beregon ne cessait de se dire par rapport aux conversations étranges et pourtant peu révelatrices qu’il parvenait à avoir avec Aernilghalad. Les Sidhee étaient définitivement une toute autre chose que les humains.

Encore une fois, pendant que les deux voyageurs persistaient à remonter une dune de sable qu’il avait été impossible de contourner, le forestier s’astinait à tenter de débuter une conversation avec le sidhee.

-« Je ne crois pas t’avoir jamais demandé, mais connais tu… »

Arrivé au sommet de la dune, le forestier cessa immédiatement de parler, puisqu’il concentra toute son attention à la scène qui se dressait devant lui.

Pour la première fois depuis plusieurs années, il faisait face à l’horreur des guerres du désert. Devant eux, sur une très grande distance, il était possible d’apercevoir ce qui restait d’un affrontement entre deux armées longtemps décimées. À voir les drapeaux qui volaient encore au vent, Beregon pu identifier les couleurs Dévoniennes ainsi que quelques drapeaux des clans de Sahira. Bien que la scène disparaissait rapidement de jour en jour, il n’en restait pas moins qu’elle était encore clairement perceptible. Sans oublier la forte présence des vautours qui s’acharnaient sur quelques restants de chair ici et là.

Pendant un certain moment, le forestier figea devant ce qu’il voyait maintenant d’un autre œil… Plus il y pensait, plus il réalisait qu’ Aernilghalad avait été tranquille depuis déjà quelques heures. Ce qui indiquait peut-être que le Sidhee savait probablement déjà ce qui les attendaient dans les confins du désert. Sans même se tourner vers son compagnon de voyage, Beregon osa parler.

-« Quand je vois une scène de ce genre, je me demande si les miens et moi méritent vraiment l’existence que nous avons l’opportunité d’avoir… Tu en penses quoi toi? Étant un élément extérieur aux horreurs que les miens sont capable de produirent, ne te demandes-tu pas pourquoi nous persistons à exister? Toi et les tiens, avez-vous commis les mêmes erreurs?

- Uuma quena en’mani lle ume ri’mani lle umaya; uma ta ar’lava ta quena ten’irste’.

Aernilghalad se tourna vers Beregon pour traduire ses mots : «Ne parle pas de ce que tu as fait ou de ce que tu feras; fais-le et tes gestes parleront d’eux-mêmes. Le problème Edan, c’est que vous n’avez pas la mémoire pour vous rappeler votre histoire, vous répétez vos gestes continuellement.» Le Sidhee pris une pause avant de recommencer. «Edan, les djinns sont très dangereux, nous risquons de ne pas revenir. Es-tu absolument certain de vouloir y aller?»

Encore une fois, Aernilghalad avait raison. Il fallait apprendre à vivre au jour pour le jour, comme il l’avait fait auparavant. Dorénavant par contre, il devait cesser de réfléchir aux erreurs de son passé. Il avait une seconde chance après tout. Du moins, pour le peu qu’il en savait sur son propre chemin.

Voyant que le sidhee insistait toujours à ne pas aller vers les djinns, le forestier prit conscience que cette idée belle et bien dangereuse.

-« Est-je vraiment le choix? »

Le forestier détourna son regard de la scène horrible devant eux, pour faire face à Aernilghalad.

-« Ces Djinns, peuvent-ils vraiment avoir une réponse à mes questions? Je ne cherche pas à avoir tout crue dans le bec, mais j’aimerais au moins avoir une ligne directrice à suivre…Ne serait-ce que pour me faire dire que je suis condamné à rôder le monde avec ce livre jusqu’à ce que mon heure achève et que ma descendance prenne la relève. Je dois savoir si je peux oui ou non vraiment changer quelque chose à cette histoire…
Bien que l’attitude du Sidhee avait peu changée depuis leur rencontre, le forestier lui, commencait à considérer Aernilghalad comme un ami. Avant de continuer à parler, Beregon souria légèrement au sidhee, question de confirmer sa bonne volonté.

-« Si tu me dis que mon objectif est complètement stupide alors j’écouterais tes conseils et je quitterai le désert pour ne plus jamais y remettre les pieds. J’étais peut-être très bizarre à notre première rencontre, mais maintenant je me sens un peu mieux et je réalise les problèmes que je t’ai apporté innutilement. Bien que tu dois un peu t’en foutre, j’apprécie ta compagnie et ton acharnement à me faire dévier de mes idées. Tu provoques une certaine réflexion chez moi que je ne pourrais avoir si j’étais seul à décider… »