En route vers Larochelle

Malgré l’attelage de deux chevaux et les petites rues, le carrosse parcourut les rues de Challon d’un pas gai. Les gens se poussaient pour faire de la place et souriaient au mousquetaire vêtu de rouge tout en s’étirant le cou pour essayer de voir qui était à l’intérieur. Certains y reconnurent des héros de la Passe. Quelques hommes endurcis leurs fit un salut avec le poing au cœur, sans doute eux aussi des vétérans de la Passe.

Wulf et Éliam su plurent à regarder la ville. Les rues étaient pavées de pierre et les sabots ferrés des chevaux tintaient pratiquement. Les maisons qui longeaient les rues étaient ordonnées et décorées de plantes aux fenêtres. L’air de la mer soufflait d’une douce brise pendant que les mouettes planaient sur les courants d’air. Challon n’était pas une simple ville médiévale mais une métropole bien dirigée et propre. Il n’y avait aucun signe des égouts à ciel ouvert communs des autres villes.

Ils passèrent par le district du marché où les demeures avaient de grandes vitrines carrelées. Les vitrines exposaient des marchandises : une boucherie, un tailleur, un boulanger, une taverne… Le centre du marché était décoré d’une grande fontaine détaillée de chevaux et de sirènes qui sortaient de l’écume des vagues. En sortant du cartier, la dernière bâtisse qu’ils passèrent était une forge à côté d’une grosse auberge. Deux palefreniers tentaient d’amadouer un énorme étalon noir qui faisait des siennes. Tandis que le forgeron essayait de le ferrer, celui-ci hennissait d’un son mécontent et piaffait le sol. Un des jeunes lads cria : « Noooon Joli-Rouge! » Un son d’éclaboussure se fit entendre et Joli-Rouge redéposa délicatement un chapeau de paille sur la tête du garçon d'écurie qu’il avait fait basculé dans l’abreuvoir. Serein, il ne protesta plus le ferrage.

Pas longtemps après, le carrosse passa sous la seconde muraille de Challon. Le cartier rempli de manoirs protégeait aussi le Château de Challon ou le roi reposait encore sous un coma. Ils vinrent à une grande demeure entourée d’un muret. Une petite chapelle privée au toit rouge faisait partie des bâtiments. Deux mousquetaires vêtus de rouge ouvrirent les portes en fer blanc décorés des armoiries de l’Église de Miharre. Le carrosse s’immobilisa devant la demeure principale. Hubert ne pris que quelques instant pour se trouver à côté du coche, prêt à aider Dame Wulf à descendre.

Elle n'avait pas troqué ses fringues de guerrière contre une robe d'occasion comme lui avait fortrement suggéré Lisette. Sa plus belle armure de cuir ferait aussi bien l'affaire avait soufflé Wulf entre les dents.

Toujours couverte de sa somptueuse fourrure, Wulf, qui n'aimait pas ses attentions galantes, se prêta au jeu pour ne pas offusquer Hubert. Sachant bien qu'Éliam riait probablement derrière son dos, elle fit fi de ses regards amusés par le traitement de faveur que bénificiait la grande guerrière.

-Merci Hubert, je crois que ça ira.

Soudainement envahie par l'endroit où la louve se trouvait, un léger malaise s'installa et on aurait pu croire qu'un étourdissement s'emparra de la guerrière. Il y avait longtemps que ce genre de visite avait eu lieu dans la vie de Wulf.

Chassant de son esprit l'endroit et la haute société qui entourait cette rencontre, Wulf suivit Hubert à l'intérieur.

Hubert proposa galamment son bras de nouveau et escorta ses charges vers la grande demeure. L’entrée de celle-ci débutait en arche qui cachait un petit jardin aquatique. D’énormes poissons rouges dansaient sous les nénuphars qui flottaient doucement sous la fontaine.

Une grande double porte rouge s’ouvrit avec l’aide d’un majordome stoïque. Ils entrèrent dans un foyer pavé de dalles de marbre gris les murs plâtrés blanc ivoire étaient décorés de grands tableaux à l’huile. Ceux-ci désignaient des images de l’histoire de La Rochelle. Le majordome inclina la tête aux nouveaux venus : « Le Cardinal vous attends dans son bureau, Dame Wulf, Sire Denoncourt. »

Hubert les escorta dans le corridor et tourna à sa droite. Il cogna rapidement sur une porte de chêne massive et n’attendit pas que qu'on le prie d’entrer avant d’ouvrir la porte. Il entraîna les invités dans le grand bureau.

De grandes fenêtres carrelées, décorées d’immenses rideaux de velours rouges, étaient ouvertes vers un jardin intérieur. La brise apportait l’odeur des fleurs de pommiers qui fleurissaient à l’extérieur. Le plancher en bois sombre était couvert d’un tapis exotique et des grands divans satinés de couleurs ivoire. Un grand piano à queue blanc était sous les fenêtres. Une bibliothèque foncée couvrait deux murs opposés remplis de tomes et de bric-à-brac de tout genre. Un bureau foncé en chêne massif séparait la salle et était placé en coin devant les étagères remplies de livre.

Debout derrière le bureau, faisant dos à la porte, se tenait un grand homme vêtu de robes rouge éclatant. Pardessus ses habits, il portait une armure fait d’un métal brillant et poli. Sa ceinture était ornée d’une masse décorée. Il tenait un gros livre dans livre dans les mains, et semblait absorbé à la lecture de celui-ci. Hubert se racla la gorge pour attirer son attention : « Dame Wulf et Sire Denoncourt, votre Éminence. »

Le Cardinal Manlieu leva la tête tranquillement et posa un regard de guerrier vers ses invités. Il déposa le livre doucement sur le bureau avant de contourner celui-ci. Il inclina légèrement la tête vers Éliam en guise de salut et s’avança vers Wulf pour lui baiser la main.

À l’approche du Cardinal, Hubert se crispa. Il prit une inspiration rapide et serra le bras de Wulf un peu plus fort. Wulf aurait pu jurer qu’il tentait de se placer entre-elle et le Cardinal, sauf que celui-ci resta cloué sur place par le regard autoritaire ce celui-ci.

Le décor rtiche et lourd pesait sur Wulf qui tentait de regarder tout droit et éliminer toutes ces fioritures. Son esprit sauvage à l'intérieur ne cessa de crier: Sortez-moi d'ici!!!!
Sachant très bien qu'Éliam enregistrait toutes ces images dans sa mémoire avec l'amusante image de Wulf au bras d'Hubert, la guerrière se concentar afin de demeurer calme.

Lorsqu'on ouvrit le bureau de son eminence, Wulf sentis la tension qui régnait dan la pièce et cette affreuse odeur d'encen mêlée aux anciennes boiseries. Son eminence approcha de sa haute stature et veint à leur rencontre. L'étau de Hubert se fit sentir lorsque le Cardinal approcha de Wulf, son premier réflexe était de se délivrer elle-même de cette emprise d' infatiguable mâle protecteur mais surprise par la réaction d'Hubert elle préférait demeurer sage.

-Son Éminence de Malieu.. vous m'y voyez surprise de recevoir votre invitation. Mais réjouissez-vous car nous sommes ici avec honneur.


Wulf croisa le regard d'Éliam. Ils le savaient tout deux de ne pas s'aventurer dans les propos trop rapidement sans en connaître les intention de notre hôte. La guerrière, droite et alerte.. tendit sa amin afin que galanteries soient faites.

Manlieu garda Hubert cloué sous son regard pendant qu’il tendit la main pour prendre celle de Wulf. Hubert se rangea un peu plus loin en laissant le bras de sa charge. Le Cardinal baisa la main de la Dame sans lâcher le regard du mousquetaire pendant que celui-ci semblait respirer un peu plus fort; son souffle lui dilatait légèrement les narines. Wulf posa détourna son regard pour le poser sur le Cardinal pendant que celui-ci lui desserrait la main.

Le Cardinal avait un regard perçant, mais Wulf avait tout le courage nécessaire plus lui tenir tête. L’odeur d’encens qu’elle avait perçue en entrant se dissipa soudainement pour se transformer. Le décor ne changea pas, mais en regardant dans les yeux du Cardinal, elle aurait pu jurer qu’elle se tenait dans un bois qui était riche de l’odeur de feuilles mortes et d’humidité. L’effet fut coupé court quand le Cardinal prit la parole : « Mais l’honneur est entièrement le mien dame Wulf. Je vous invite à déjeuner?» La question, bien que polie, n’en était pas une.

Éliam suivit son guide sans dire un mot. Soudainement tous ses petits jeux et attentions qu'on leur portait le métait mal à l'aise. Tant de richesse arborait cet endroit. Mais pourquoi? Alors que soudainement lui revinrent à la mémoire toutes ses années de souffranceet de pauvreté dans les bas cartier. Pendant qu'on exposait tant de richesse dans un seul but décoratif.

La pretence du Cardinal était des plus imposante. Devant les salutations de la haute classe de l'homme, s'il en était un, Éliam ne su trop comment réagir. Il se contenta de baisser la tête à son tour et d'attendre la suite, laissant Wulf prendre contrôle d'une situation dans laquelle elle ne semblait pas à l'aise non plus.

Les titres qu'on lui avait attitré prenait soudainement une autre signification. Un jour il pourrait les user à bonne essiant et peut-être arriver à changer les choses.

Pendant un moment il eu le sentiment d'être de trop alors que le cardinal ne lui pretait aucunement attention et semblait laisser sous entendre qu'il désirait s'entretenir seul avec Wulf devant un bon déjeûner.

Il resta immobile sur place attendant qu'on l'invite à suivre ou attendre au jardin.

L'odeur sauvage qui avait ennivré Wulf lorsqu'elle avait plongé son regard dans celui du Cardinal ne lui était pas désagréable. Elle se ressaisit et suivit son Éminence vers la table où leur était servit un délicieux déjeuner.

Elle fit signe à Éliam de les suivre.
Patiente, elle n'entâma pas la conversation laissant le Cardinal lui-même
diriger le th`me de la discussion jusqu'à élaborer les raisons de cette invitation particulière. Faute de cela, elle n'aura pas le choix d'aller droit au but.

Hubert s’empressa de reprendre le bras de Wulf sans même lui demander et sans regarder Manlieu. En deux temps trois mouvements, ils se retrouvèrent sur une véranda ou une table de fer forgée était décorée d’une nappe rouge, d’un couvert de porcelaine dorée et d’un vase rempli de violettes. Hubert tira une chaise pour Wulf pendant que Manlieu s’asseyait. « Merci Hubert, ce sera tout. » Hubert posa sur la grande guerrière un regard pensif avant de faire un salut à Manlieu. Sur ce, il tourna les talons et entra dans la maison, laissant les deux invités avec leur hôte.

Une servante entra quelques instants plus tard en poussant un chariot de table sur laquelle une cloche en cristal reposait. La servante se mit à servir les invités en premier; un copieux déjeuner d’œufs et de saucisses. Il y avait également des petits pains frais et des fruits. La servante leur servit à chacun une tasse de thé avant de faire une courte révérence et parti discrètement.

Manlieu plaça sa serviette sur ses genoux puis croisa ses mains au-dessus de son assiette. « N’avez-vous pas faim dame Wulf? J’ai l’habitude de laisser les dames débuter…» Il jeta un regard amusé sur Éliam qui avait déjà entamé son assiette avec entrain. « Vous devez vous demander pourquoi je vous ai demandé de venir ici. Eh bien, entre autre, j’étais déçu de ne pas pouvoir venir au banquet de la reine en l’honneur des vétérans de La Passe. J’aurais aimé vous rencontrer en personne vous et les vôtres. » Ceci dit, le Cardinal sorti une violette du vase et la tendit, songeur, à Wulf.

Il lui tendit la fleur qu'elle accepta et elle la fit tournoyer entre ses doigts avant de la glisser dans sa chevelure rebelle sans vraiment y penser. L'instant de regarder le Cardinal droit dans les yeux, le temps s'était arrêté. Tout était au ralenti et plus rein n'existait autout d'elle. Son Éminence rompit ce moment en questionnant Wulf.

Songeant encore à Marguerite, Wulf se rappela que la princesse n'appréciait guerre les actions de son Éminence. Mais ne voulant pas se mêler aux querelles de Larochelle, Wulf se concentra d'avantage sur le Cardinal en lui répondant poliement.

-N’avez-vous pas faim dame Wulf? J’ai l’habitude de laisser les dames débuter…
lui lanca t-il.

Il ne fallait pas qu'elle laisse parraître son agacement de toute cette bouffe et qu'elle préférait maintenant la chasser elle-même. Inspirant profondément et incarnant de son mieux les allure de haute société, Wulf prit une bouchée.

-Merci encore pour cette invitation. Je vous vois désolé de ne pas avoir assité à la cérémonie en notre honneur. Cependant je ne vois que nous assis autour de votre table et les honneurs ont été remis à d'autres également. Garan fier et courageux guerrier, Soeur Marie-Isabeau de votre église qui s'est mérité la médaille de piété sans oublier Sir Tirvor, Monseigneur François pour ne nommer que ceux là. N'ont-ils pas reçu eux aussi cette invitation?
*Elle pris une bouchée*
Vous savez qui je suis et je tente de me contenir depuis que j'ai mis pied ici alors ne m'épargnez pas mais soulagez moi en admettant vos vraies intentions.
Vous êtes un homme de grande influence et j'ai peine à croire que ma présence ici n'est que pour votre compagnie matinale. Mais qu'à cela ne tienne, je suis votre invitée et demandez moi ce qui vous plaira.

Manlieu s’étouffa soudainement. Il prit sa serviette de table pour se couvrir la bouche pendant qu’il hoquetait quelques instants. Cette fois, lorsqu’il posa son regard sur Éliam et Wulf, ils se rendirent compte que celui-ci faisait de son mieux pour ne pas s’esclaffer. Il prit une grande inspiration et se repris, avec le plus de dignité possible.

« Mais l’honneur de votre compagnie me fait un immense plaisir. » Il prit une gorgée de thé. « En réalité, vous êtes les seuls qui ont répondu à ma missive. » Il fit un soupir dramatique, puis sourit de nouveau. « Le Cardinal Manlieu n’est plus aussi intéressant qu’il l’était, il semble… Mais je me réjouis du fait que je puis vous parler plus intimement à ma table. » Il leva sa tasse en guise de salut. « À Dame Wulf! » Il déposa sa tasse. « Dites-moi, que pensez-vous de La Rochelle? Vous êtes originaire de Milandes n’est-ce pas? »

Wulf plissa les yeux, c'est qu'elle détestait être la moquerie du jour. Elle déposa solidement les ustensiles et attendit que sa compagnie reprenne ses esprits. Elle n'était pas douée dans l'art de la galanterie et le verbe ne lui convenait pas aussi bien que l'épée.

Lorsque la conversation reveint vers elle, Wulf tenta de son mieux de camoufler son intérêt sur les rumeurs entourant ce Cardinal et son rôle dans la Cour de Lune. Jouant la comédie comme tout bon Rochelois, Wulf se prêta encore un peu au jeu.

-Effectivement , je viens des Milandes. LaRochelle? eh bien elle me parraît plus silencieuse qu'à l'habitude et fidèle à ses tromperies. Quoi qu'il en soit pour certains le retour à Larochelle comble l'ennuie de la maison . Mais puisque je n'ai pas de lieu pescrit comme demeure, je dois avouer que certains luxes comblent certains besoins essentiels.

L'assiette de Wulf demeura toujours intacte et elle fixa sans broncher son Éminence.

« Tromperies? » Manlieu fronça les sourcils. « Vous comparez La Rochelle à Firenze Dame Wulf? » Il fit un petit bruit de dégoût. Puis son regard se transforma pour devenir des plus sérieux. « Vous ne survivriez pas longtemps du tout à Firenze chère dame. Vous y seriez qu’une toute petite louve errante dans une tanière de gros méchants loups. La Rochelle est un sanctuaire de véracité, si on compare les deux. Je travaille d’arrache pieds depuis des années pour garder La Rochelle comme l’endroit paisible qu’elle est.» Il pointa le déjeuner, dissimula un regard espiègle. « Les saucisses de sanglier sont Milandaises. Je voulais vous offrir un petit réconfort de chez vous, puisque vous acceptez mal l’hospitalité Rochelloise. Hmm… Dommage. Au fait, que pensez-vous du cadeau de Landry?»

Wulf ne se laissa pas facilement intimidé par la réaction de son Éminence. Elle jeta un regard vers Éliam pour voir comment il réagissait à cette rencontre qui devenait un peu plus chaude .

-Vous m'en excuserez mon Cardinal, mais j'ose croire que lorsqu'un évènement tragique arrive durant une célébration, il est de mise que de cesser de festoyer . Mais certains préfèrent garder leur honneur ou de ne pas perdre la face devant un tel évènement et que la seule solution est de jouer la comédie et de faire fi de ce fâcheux évènement. Peut-être qu'à Firenze je ne prendrais pas un tel déjeuner de peur de mourrir empoisonée. Et sachez que les loups aussi méchants soient-ils ne me font pas peur.
*elle prend une bouchée*

-Le cadeau de Landry?? ah vous voulez parler de ce financement? he bien .. nul ne saurait refuser n'est-ce pas....

Wulf se râcla la gorge afin de camoufler ce cadeau empoisonné.

Le regard du Cardinal se fit sérieux. « Par tragédie, vous voulez dire l’enlèvement de la comtesse par le mousquetaire ou sa disparition soudaine par la suite? Sachez que les mousquetaires ont le privilège de protéger les gens et que j’aurais été informé de l’état de la comtesse immédiatement. Malheureusement, elle est disparue avant que je ne puisse l’examiner. Vous avez ma parole que le clergé de Miharre fait tout en sa capacité pour retrouver un des leurs. Laure-Emmanuelle sera retrouvée n’ayez crainte, gente dame. »
Manlieu fit un son dégoûté. « Pour ce qui de l’attitude de la duchesse de Landry... Je ne sais que dire. Marguerite a reçu une éducation de cour très stricte. Elle devrait savoir se comporter d’une meilleure façon. Mais sa réaction a toujours été dépassée lorsqu’on parle de faes. Je suis horrifié par le fait qu’elle aie pu vous forcer à continuer la fête pour ensuite vous forcer à prendre son offre. C’est affreux. J’ai fait une demande d’audience pour la dissuader de cette proposition. »

Wulf expira profondément et regarda Éliam du coin de l'oeil, celui-ci semblait crouler sous la table tant il ne voulait pas se mêler à cette conversation.

-Votre grâce, je suis contente de vous voir réagir ainsi à propos de la comtesse. J'oserai même trouver des outils ou une arme dont vous connaissez certainement l'existance afin de réduire en poussière ce Légion. Mais vous m'y voyez contariez car sachez que nul m'a forcé à accepter l'offre et ce cadeau dont vous parlez arrive à point. Je ne puis me permettre de cracher sur la main qui me nourrit. Vous savez, le métier d'aventurier n'est lucratif que si l'on est réputé, reconnu et financé. De plus, je vous demanderais avec tout votre respect que l'on se doit d'un frère à l'autre, de ne pas vous mêler de cette affaire. Je vous en serai gré.

Elle regarda encore une fois dans le regard sombre du Cardinal de MAnlieu afin d'y retrouver cette espace si familier qu'elle avait à peine apperçu plus tôt.

Manlieu se renfonça sur le dossier de sa chaise et considéra la guerrière quelques instants. « Vous avez, bien entendu, la liberté de choisir de votre destin et d’accepter l’offre de la duchesse si bon vous semble. Pardonnez-moi mes préjugés, Marguerite et moi ne partageons pas la même vision des choses. Sans vouloir vous offenser, je suis très curieux de savoir ce qui la pousse à vous présenter cette offre. Malgré tout, je respecterai votre décision. Sachez, toute fois, que si vous changer d’idée, je suis à votre service. » Il détourna son regard sur Éliam et sembla prendre une décision. « J’aimerais bien connaître d’avantages de détails au sujet de la comtesse. Que s’est-il passé? »

Wulf qui semblait chercher désespérément un lien familier qui pourrait unir le Cardinal et sa propre nature, une réponse aux transformations qu'elles avait subites depuis les derniers mois et voir même s'enquérir du bien-être de Brigid, déposa son verre et chercha les mots justes.

-Alors, est-ce une offre de parainner mes aventures? et celles de la meute? Quels intérêts en tireriez-vous?

Avant de diriger la conversation vers ''l'enlèvement de la comtesse'', Wulf regarda Éliam et comprenant que celui-ci ne voulait pas intervenir dans la discussion fragile, la femme s'avançait vers le Cardinal afin de lui parler d'un ton plus faible. Elle voulait que cette discussion demeure entre les trois.

-Monseigneur, vous savez que je déteste les cachoteries et les les faux semblants. Vous êtes un homme puissant et envers qui il me serait ridicule de ne pas afficher mon respect. De plus, je connais votre différent avec la Princesse Marguerite. Vous n'êtes pas dupe et vous connaissez certainement les rumeurs et histoires qui courent à votre sujet. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas ici pour trouver des preuves qui vaillent sur ces .hummm....légendes mais plutôt que vous me rendiez un fier service en me gratifiant de votre don de bénéniction sur mon arme. Mais... au nom de celle que vous vénérez vraiment....

Wulf se recula dans son fauteuil et attendit courageusement la réaction de son Éminence...

Le Cardinal ne bougea pas d’un poil sur son fauteuil, mais considérait la guerrière d’un regard redoutable. Wulf voyait bien qu’il était en train de prendre une décision. Les oiseaux aux alentours se turent pendant que le cœur de louve de Wulf commençait à détaler. Finalement, après de longues minutes, Manlieu avança lentement sur sa chaise et avança sa main pour la poser sur la sienne. Il laissa celle-ci dans les airs quelques instants, comme s’il était encore en train de décider de sa prochaine action. « Ma chère, vous savez bien comme moi que je vénère… »

Ses mots furent coupés abruptement par Hubert qui annonça l’arrivée de Mère supérieure Marie-Isabeau. Manlieu retira brusquement sa main avant même d’avoir touché la sienne. Il se leva pour accueillir Marie-Isabeau d’un air franc et chaleureux. Il lui embrassa la main avec délicatesse avant de l’installer dans une chaise à ses côtés au-devant de Wulf. Marie-Isabeau avait un teint radieux ce matin, ses joues roses exclamaient le bonheur. Coquettement, elle s’excusa de son retard pendant qu’Hubert lança sur Wulf un regard inquiet.

À défaut de Beregon , celle-là n'arrivait pas au bon moment. Wulf prit quelques instants afin de bien impregner ce dernier moment pour mieux y revenir. Elle jetta un regard victorieux toutefois à Éliam et sourit forcement à l'arrivée de Marie-Izabeau qui semblait drôlement radieuse ce matin. Assise au côté du Cardinal, Wulf redoubla de vigilance car si elle ne craignait pas un disciple de Brigid, Marie-Izabeau, elle, ferait une belle proie.

La situation venait de devenir délicate et Wulf devait se mordre la langue afin d'éteindre le feu d'excitation que venait de nourrir son Eminence.

Sitôt annoncer par le majordome, la nouvellement appointé mère supérieure entra dans la pièce tel un coup de vent.

« Milles excusent mon Éminence. Je vous remercie pour cette invitation à déjeuné inopiné.», dit-elle en arborant un sourire timide devant l’accueil chaleureux du Cardinal. « J’ai la tête qui tourne encore. Surement des effets secondaires du vin servi au banquet d’hier. On vous a annoncé qu’on m’a fait cadeau d’une Église ici même à La Rochelle? Vous serez mes invitez une fois l’église complétée. Rémi…euh… Le Marquis de Carabas affirme que la construction sera achevée d’ici un mois. N’est pas un événement providentiel ! »

Celle-ci détourna son regard du Cardinal puis afficha un sourire radieux lorsqu’elle aperçut deux visages familiers à la table de son hôte.

« Wulf et Éliam! C’est un plaisir de vous voir à nouveau mes amis. Vous vous portez bien aujourd’hui malgré… l’événement regrettable d’hier? Oh, mais que je suis sotte… J’ai interrompu votre discussion n’est-ce pas? Je vous en pris, poursuivez.»

Marie Izabeau honteuse se tue et prit un morceau de pain sur lequel elle étale une gelée de fruits. Toujours euphorique de sa nouvelle situation, celle-ci ne s’est pas rendu compte de la tension dans la pièce.

- Pas du tout Mère Supérieure, je suis honoré de votre présence et je suis désolé de ne pas avoir pu être des vôtres à la fête. J’aurais aussi aimé pour voir vous donner votre nouveau titre moi-même. Mais je crois avoir mal entendu; vous dites que Rémi de Carabas vous a donné une église hier soir?

Manlieu fronça les sourcils pendant qu’il se massait les tempes. « Mais c’est une heureuse nouvelle pour vous et pour Miharre! Bien entendu, vous me ferez part de ce que vous aurez besoin pour établissement. Préférez vous choisir le prêtre ou la prêtresse qui y dirigera les cérémonies ou est-ce que vous aimeriez le faire vous-même? Il y a aussi la question de vos nouvelles responsabilités en tant que Mère Supérieure… »

Voyant que le Cardinal de Manlieu n'échappait pas aux galenteries envers Marie-Isabeau, Wulf se mordit les lèvres et étudiait les gestes calculés, minutieux et soignés de son Eminence. Un homme en plein contrôle de lui-même, un homme chez qui percer le mystère relevait d'un grand exploit mais la louve ne semblait pas si résigner et demeura concentrée sur l'homme en question. Ses mouvement, son regard pouvait-il donner une piste ou l'espoir que Wulf attendait?

N'ayant pas suivit le cour de la discussion entre les deux Wulf demeura brièvement lunatique...

Izabeau gratifia son interlocuteur d’un grand sourire avant de prendre la parole. «Votre Éminence, vous avez bien entendu. Hier on m’a fait l’honneur d’un nouveau titre ainsi que d’une nouvelle église. Vous semblez surpris de cette nouvelle. Soyez rassuré, je suis consciente de ma bonne fortune et rien de ceci ne sera pris à la légère.»

Elle but une gorgée avant de reprendre la parole. « Puisque j’ai ferme intention de poursuivre mes… déplacements auprès de Wulf et la meute, il me faudra trouver une remplaçante pour diriger les cérémonies lors de mes absences. J’ai une candidate en vu, mais je n’ai pas eu la chance de lui en parler. Auriez-vous des conseils à me donner Votre Éminence? »

Les sourcils froncés du Cardinal n’échappaient pas la Mère supérieure. « Vous semblez souffrir... Souhaitez-vous que j’intervienne, Votre Éminence? On me dit avoir des mains de guérisseuses… Wulf et Éliam peuvent attester la qualité de mes soins.»

Le regard de Wulf redeveint alerte lorsque Marie-Izabeau fit allusion à l'inconfort du Cardinal. La guerrière étudiait de nouveau son éminence. Il lui faudra le coincer dans un coin afin d'obtenir de lui beaucoup plus que sa bourse.

-Effectivement, Marie Izabeau se donne entièrement dans l'art de la guérison. Mais je doute que votre malaise n'est du à autre chose qu'une blessure physique.

Le cardinal se ressaisit un instant et se réinstalla confortablement dans sa chaise. Il sourit franchement à Marie-Izabeau. « Je vous remercie de votre offre, mais vous n’avez pas à vous inquiéter. J’ai tout simplement été surpris de l’offre du Marquis. Je peux très bien vous suggérer quelques personnes pour officier à votre place. Si vous le permettez, je vous enverrai une liste. N’hésitez surtout pas si vous avez des questions ou besoin d’aide de quoique que ce soit.»

Manlieu adopta une attitude plus sérieuse. «Nous étions tout juste en train de discuter ce qui est arrivé à la comtesse. J’aimerais en savoir davantage. D’après les rumeurs que j’ai entendues, elle est sous l’emprise d’une transformation? J’aimerais savoir, est-ce que quelqu’un a tenté de l’abjurer?»